L’antenne International Security and Defense a sélectionné pour vous les informations importantes de la semaine du 5 avril 2021. L’article a été rédigé par Clarisse Bruneton.
Ukraine : regain de tension entre l’Ukraine et la Russie dans la région du Donbass
Depuis 7 ans, les séparatistes pro-russes appuyés par Moscou s’opposent aux forces nationales ukrainiennes dans la région du Donbass. Si les accords de cessez le feu se multiplient et qu’une longue trêve a été maintenue en 2020, les heurts et les violations du cessez-le-feu ont augmenté de 30% selon l’OSCE entre les mois de février et de mars 2021. Le 26 mars, 4 soldats ukrainiens ont été tués.
L’Ukraine accuse la Russie d’accumuler des milliers de militaires aux frontières nord ainsi qu’en Crimée. La Russie pourrait désormais compter sur la présence de 28 000 combattants séparatistes et plus de 2000 conseillers militaires et instructeurs russes sous le contrôle des rebelles dans l’Est de l’Ukraine, en plus des 33 000 militaires présents en Crimée. Si le 1er avril, Washington mettait en garde Moscou contre « tout acte agressif », le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov rétorquait immédiatement que Moscou prendrait « toutes les mesures nécessaires » en cas d’ingérence militaire occidentale en Ukraine et que la Russie ne menaçait personne en accusant les forces armées ukrainiennes d’être à l’origine de ce regain de tension.
Ces mouvements de troupes ne constitueraient aucune source d’inquiétude si la Russie n’avait pas entretenu une instabilité dans la région et que les relations entre la Russie et les pays occidentaux n’étaient pas « au plus bas » comme le reconnaît Sergueï Lavrov, chef de la diplomatie russe. Ce n’est pas non plus un hasard si l’armée russe annonçait, vendredi 2 avril, des exercices militaires destinés à stimuler la défense face à une attaque de drones en Crimée, région ukrainienne annexée par la Russie depuis 2014.
La France qui a un rôle de médiateur avec l’Allemagne ne croit pas à une escalade de tensions selon Clément Beaune, secrétaire d’Etat aux Affaires européennes. Pour sa part, le président américain Joe Biden, intransigeant envers son homologue russe, a multiplié les signes de soutien à l’Ukraine et a appelé Volodymyr Zelensky, président ukrainien pour lui assurer le « soutien indéfectible des Etats-Unis ». A l’heure actuelle les cartes du conflit ukrainien sont entre les mains de Vladimir Poutine.
Soudan: affrontements tribaux entre les membres des tribus Masalit et des milices armées
Jeudi 31 décembre 2020 prenait officiellement fin la mission de paix conjointe de l’ONU et de l’Union africaine (Minuad), après treize ans de coopération dans la région soudanaise du Darfour. Cette mission avait été mise en place à la suite des violences, nées en 2003, opposant les forces pro-gouvernementales et les insurgés issus de minorités qui accusaient le régime d’Omar Al-Bachir de marginaliser la région.
Si le retrait des quelques 8000 membres de la mission onusienne, militaires, policiers et civils doit s’étaler sur 6 mois et que les autorités soudanaises ont d’ors et déjà assuré que leurs troupes seraient déployées dans la région pour contenir les violences, les habitants du Darfour craignent pour leur vie et la multiplication des affrontements confirment leur insécurité.
Samedi 3 avril, des heurts ont éclaté entre les membres des tribus Masalit et des milices armées composées de nomades arabes autour de la ville d’Al-Geneina, la capitale du Darfour-Occidental. Le gouverneur de la région frontalière du Tchad, Mohamed Abdallah Douma a déclaré que les heurts avaient éclaté lorsqu’un « groupe armé a attaqué des citoyens qui se rendaient en ville », tuant trois d’entre eux. Si la situation est relativement stable selon le gouverneur, les combats étant terminés, le pillage continue et le bilan s’établit à 132 morts et près de 200 personnes blessées.
Cet énième affrontement a poussé les autorités à instaurer l’état d’urgence le 5 avril et a déployé l’armée dans le Darfour Occidental. De même, selon l’ONU les opérations humanitaires et les vols ont été suspendus à Al-Geneina, affectant dès lors plus de 700 personnes. Au total, les violences ont fait environ 300 000 morts et plus de 2,5 millions de déplacés. Si le gouvernement de transition a signé un accord de paix avec quelques groupes rebelles, en octobre 2020, certains groupes insurgés refusent encore de le signer, laissant ouverte la possibilité de nouveaux affrontements dans les prochains mois.
France : les 60 ans de la Direction générale de l’armement
Au début de la Ve République, la politique extérieure de la France est de plus en plus indépendante et volontariste. Ainsi, le gouvernement décide de « construire une défense nationale indépendante fondée sur la force de dissuasion ». Cependant la réalisation des nouvelles armes nucléaires et de leurs lanceurs imposent de réformer les structures existantes. Le général Charles de Gaulle décide alors de créer, le 5 avril 1961, la Délégation ministérielle pour l’armement (DMA) qui deviendra par la suite la Direction générale de l’armement (DGA) le 6 octobre 2009.
La DMA se voit confier la double mission de constituer une force nucléaire stratégique indépendante et de conduire les programmes permettant de mettre à la disposition des armées françaises les armements conventionnels dont elles ont besoin. Si depuis 60 ans, elle conduit l’ensemble des programmes d’armement, elle a su se transformer au cours des décennies, de la production d’armements à la maîtrise d’ouvrage de programmes de plus en plus complexes avec 10 centres d’expertise et d’essais disposant de moyens uniques en Europe. Au total, elle rassemble 10 000 femmes et hommes répartis sur l’ensemble du territoire.
La DGA conduit en moyenne plus d’une centaine d’opérations d’armement par an. Pour cela elle a dû s’adapter aux nouvelles techniques et a contribué de manière exponentielle à la création d’armement : les sous-marins nucléaires lanceurs d’engins et d’attaque, l’avion de chasse Rafale, le porte-avions Charles-de-Gaulle, le char Leclerc, les satellites d’observation et de communication, sans oublier notre stratégie de dissuasion et l’équipement de terrain de nos soldats, marins et aviateurs.
Assistée par les meilleurs ingénieurs et des spécialistes de domaines variés, la DGA a pu faire évoluer ses méthodes d’ingénierie et de conduite des programmes, de même que le développement d’organisations matricielles ou encore des équipes de programmes intégrés.
60 ans plus tard, la DGA a toujours pour objectif d’assurer la supériorité opérationnelle des armées françaises et de permettre à la France de figurer parmi les grandes puissances militaires mondiales. En témoigne la commande d’un porte avion et de deux frégates par la ministre des Armées, Florence Parly, lors de sa visite chez Naval Group à Lorient.
Mali : un cadre du GSIM et 40 jihadistes tués lors d’une attaque contre une base de la MINUSMA
Vendredi 2 avril, vers 6h15, quatre Casques bleus tchadiens ont été tués et 19 autres ont été blessés dans une attaque complexe, de la base de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation du Mali (MINUSMA), attribuée à des djihadistes, à Aguelhok, dans le nord-est du Mali.
En parallèle, deux soldats maliens ont été tués et six blessés lors d’une attaque attribuée aux djihadistes à Diafarabé, ville malienne située sur le fleuve Niger. Si le bilan provisoire faisait état d’une vingtaine d’assaillants tués ou capturés, le chef de la MINUSMA et représentant spécial du secrétariat général de l’ONU pour le Mali, Mahamat Saleh Annadif déclarait qu’incontestablement « les Casques bleus ont fait subir un important revers aux terroristes, même si nous déplorons la mort de quatre », à la suite des opérations de ratissage menées dans les environs d’Aguelhok et qu’on « compte à ce jour plus de quarante terroristes tués, dont un bras droit d’Iyad Ag Ghaly, du nom d’Abdallaye Ag Albaka ». Les quatre djihadistes capturés seront remis aux forces maliennes.
Iyad Ag Ghaly, fondateur du groupe jihadiste Ansar Dine, est le chef du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM), lié à Al-Qaida. Abdallaye Ag Albaka, quant à lui, était le numéro trois de cette organisation. La multiplication des attaques terroristes depuis 2012 a plongé le pays dans une crise sécuritaire et a poussé l’ONU à déployer plusieurs milliers de soldats afin d’assurer la stabilité du pays depuis 2013.
Suite à cette attaque, le Conseil de sécurité a réaffirmé que le terrorisme sous toutes ses formes et dans toutes ses manifestations constituait l’une des menaces les plus graves à la paix et à la sécurité internationales. Les membres ont exhorté les parties maliennes à mettre en œuvre l’Accord sur la paix et la réconciliation au Mali « sans plus tarder ». De même, les efforts de la force conjointe du G5 Sahel composée du Burkina Faso, du Mali, de la Mauritanie, du Niger et du Tchad devraient permettre de contrer les activités des groupes terroristes et d’instaurer un environnement plus sûr dans la région du Sahel. Cependant, la réussite de la coordination du G5 Sahel nécessite un appui des Casques bleus tant les groupes djihadistes se sont développés.