Une semaine dans le monde : la semaine du 21 juin 2021

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L’antenne International Security and Defense a sélectionné pour vous les actualités importantes de la semaine du 21 au 27 juin 2021. L’article a été rédigé par Clarisse Bruneton.

Mali : un véhicule suicide a attaqué un véhicule de la force Barkhane à Gossi, blessant 6 soldats français et 4 civils maliens

Lundi 21 juin, un véhicule français de l’opération Barkhane a été visé par une attaque à la voiture piégée lors d’une patrouille dans le quartier de Kaigourou à Gossi, dans le centre du Mali. L’état-major des Armées a confirmé que six militaires français et quatre civils maliens, dont un enfant avaient été blessés et étaient pris en charge à Gossi ou sur la base Gao, leur pronostic vital n’étant pas engagé.

Selon l’état-major des Armées, les militaires français ont procédé à des tirs de sommation tandis que l’assaillant, agissant seul, s’est fait exploser à proximité du véhicule français. Par précaution et afin de soutenir les troupes au sol, les forces de l’opération Barkhane ont envoyé des hélicoptères de combat Tigre et des Mirage 2000. Finalement, il n’y a eu aucun échange de tir après l’explosion.

Cette attaque intervient dans un contexte tendu. En effet, le nouveau chef d’al-Qaïda au Maghreb Islamique (AQMI), Abou Obeida Youssef al-Annabi, avait incité, dans son premier discours, ses troupes à frapper les armées militaires françaises en visant particulièrement les villes. De même, Emmanuel Macron avait annoncé la fin de l’opération Barkhane au profit d’une transformation du dispositif, se concentrant désormais sur la formation et l’accompagnement au combat des armées locales.

Russie et Royaume-Uni : un avion russe aurait effectué des tirs d’avertissement contre le destroyer HMS Defender qui avait pénétré les eaux territoriales au large de la Crimée

Mercredi 23 juin, le ministère russe des Affaires étrangères a accusé Londres de provocation et a convoqué l’ambassadeur britannique après qu’un navire de la Royal Navy, le HMS Defender se soit approché des côtes de la Crimée. De même, selon le ministère russe de la Défense, un avion de l’armée russe aurait effectué des tirs d’avertissement, allant jusqu’à bombarder sa trajectoire.

Pour cause, le HMS Defender aurait violé la frontière de la Russie et serait entré dans ses eaux territoriales, le navire se serait aventuré à 3 kilomètres dans les eaux russes près du cap Fiolent. En outre, le ministère russe de la défense avance que « le destroyer a été préalablement averti de l’utilisation possible d’armes en cas de présence illégale continue dans les eaux territoriales de la Fédération de Russie. L’équipage du destroyer britannique n’a pas répondu aux signaux d’avertissement, à la suite de quoi le navire de patrouille russe a été contraint de procéder à des tirs d’avertissement ».

Le mystère est de mise puisqu’une porte-parole du gouvernement britannique a démenti la version apportée par Moscou. Ainsi, « aucun tir n’a été dirigé sur le destroyer HMS Defender, et nous ne reconnaissons pas l’affirmation selon laquelle des bombes ont été larguées sur son passage ». Et pourtant, Londres reconnaît que le destroyer a reçu des avertissements à la radio, notamment ce message : « si vous ne changez pas de cap, je tirerai ». Le gouvernement britannique explique sa présence par le fait que le navire empruntait « la route la plus directe et la plus internationalement reconnue » entre l’Ukraine et la Géorgie.

Mozambique : la Communauté de développement de l’Afrique australe a conclu un accord portant sur l’envoi de troupes au Mozambique pour lutter contre les groupes djihadistes

Mercredi 23 juin, la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) a « approuvé la mission de la force d’attente de la SADC pour soutenir le Mozambique dans son combat contre le terrorisme et les violences extrémistes au Cabo Delgado » d’après Stergomena Tax, la secrétaire exécutive de l’organisation. Ainsi, les dirigeants des pays d’Afrique australe ont signé un accord portant sur l’envoi de troupes au Mozambique afin de lutter contre les groupes djihadistes installés dans le nord-est du pays depuis trois ans.

Et pour cause, depuis la fin d’année 2017, des groupes connus sous le nom d’ « Al-Chabab » provoquent des troubles dans la province du Cabo Delgado, à la frontière de la Tanzanie. L’envoi de ses troupes est l’aboutissement d’une réflexion qui avait débuté en mai lors du précédent sommet de la SADC, où les discussions avaient porté sur le déploiement de 3000 hommes. Jusqu’à présent, le président Filipe Nyusi faisait preuve de réticence face aux aides étrangères, préférant faire appel à des sociétés militaires privées. Mais force est de constater que la montée en puissance des attaques depuis plus d’un an ont poussé le président à revenir sur sa position.

Ce changement de position s’explique aussi par la pression exercée à l’international. En effet, le groupe de réflexion International Crisis Group (ICG) a exhorté le Mozambique d’accepter une aide extérieure. Il faut dire que la situation inquiète, car, selon l’ONU, les violences dans le nord-est du pays ont tué 2800 personnes et forcé près de 800 000 personnes à fuir, ajouté à cela une grave crise humanitaire puisque un million de personnes souffrent de la faim.

France : le Sénat a voté contre la déclaration du gouvernement sur l’ajustement de la Loi de programmation militaire

L’article 7 de la Loi de programmation militaire (LPM) 2019-2025 prévoyait une réactualisation d’ici la fin 2021 pour tenir compte de la situation économique, même si l’objectif affiché était de porter le montant du budget des Armées à 2% du PIB en 2025. Cependant, la crise sanitaire a eu raison de l’évolution du budget puisque l’objectif de 2% du PIB est déjà atteint en raison de la chute du PIB de 8% en 2020.

Dès lors, le gouvernement a déclaré qu’une actualisation de la Loi de programmation militaire n’était pas nécessaire mais qu’il est important d’y apporter des ajustements, déclinés sous la forme de trois axes : « Mieux se protéger », « Mieux détecter et contrer », et « Mieux se préparer ». Le Premier ministre Jean Castex, en vertu de l’article 50-1 de la Constitution a soumis au vote du Parlement une déclaration pour confirmer cet ajustement et ainsi passer outre les dispositions prévues par l’article 7 de la LPM.

Si l’Assemblée nationale a voté en faveur de la déclaration de Jean Castex et de la ministre des Armées, Florence Parly avec 345 voix « pour », la tendance s’est inversée au moment du vote par le Sénat. En effet, avec 236 voix « contre », le Sénat a refusé la déclaration du gouvernement. Pour cause, un rapport a été publié par la commission des Affaires étrangères et de la Défense évaluant à 8,6 milliards d’euros les surcoûts non prévus par la LPM.

Pour se défendre, Florence Parly met en avant que « le rapport de la commission fait plutôt référence à des décalages » qui serait totalement assumés ou encore à des erreurs comme par exemple le « surcoût du programme de frégate d’intervention », lequel n’existe pas car « nous avons seulement anticipé d’une année la commande de la troisième frégate, prévue un an avant la fin de la LPM, afin d’assurer la continuité du plan de charge de Naval Group de Lorient ». Ces explications n’ont pas semblé convaincre, nombreux sont les sénateurs qui dénonçaient un manque de transparence.

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