Une semaine dans le monde : la semaine du 28 décembre 2020

Une semaine dans le monde : la semaine du 28 décembre 2020

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L’antenne International Security and Defense a sélectionné pour vous les informations importantes de la semaine du 28 décembre. L’article a été rédigé par Emma Josso et Marie Sauzot.

Des explosions accueillent le nouveau gouvernement de retour au Yémen

Le nouveau gouvernement yéménite a été accueilli mercredi à l’aéroport d’Aden par plusieurs explosions qui ont fait 26 morts et des dizaines de blessés. Ces dernières ont éclaté dès l’atterrissage de l’avion qui ramenait les membres du gouvernement en provenance d’Arabie Saoudite. Aucun d’eux n’a été touché et ils ont été mis en sécurité dans le palais présidentiel. En revanche, les victimes sont des civils, des vigiles et des responsables locaux.

Ce nouveau gouvernement d’union a été formé le 18 décembre sous l’égide de l’Arabie Saoudite. Il réunit les membres du gouvernement de Hadi, président de la République du Yémen depuis 2012, et les séparatistes du sud, issus du Conseil de transition du sud. Ces deux acteurs autrefois ennemis, formant une guerre dans la guerre et complexifiant davantage le conflit, sont aujourd’hui alliés contre rebelles houthistes. Le gouvernement avait été forcé à l’exil fin 2014, lors de la prise de Sanaa, la capitale du Yémen, par les houthistes. Ce retour a été permis par les accords passés entre les deux partis sous l’égide de Riyad, qui ont mené les séparatistes à renoncer à leur autonomie cet été, en échange d’un partage du pouvoir. Ainsi, le plus grand port du pays, Aden, a été choisi comme capitale provisoire en temps de guerre.

Si les accords avaient été conçus pour permettre le retour d’une certaine stabilité, il semble que l’événement annonce les difficultés à venir et entérine l’instabilité politique dans le pays. L’attaque n’a pas été revendiquée, mais le ministre de l’Information a accusé les rebelles houthistes d’être à l’origine de cet « acte terroriste lâche », comme l’a qualifiée le premier ministre. L’envoyé spécial des Nations Unies au Yémen a aussi dénoncé l’attaque et a souligné qu’elle constituait « un rappel tragique de l’importance de remettre d’urgence le Yémen sur la voie de la paix ».

Sources :
https://www.lemonde.fr/international/article/2020/12/30/yemen-plusieurs-explosions-a-l-aeroport-d-aden-apres-l-arrivee-du-gouvernement-d-union_6064830_3210.html
https://www.huffingtonpost.fr/entry/yemen-une-double-explosion-a-laeroport-daden-fait-au-moins-10-morts_fr_5fec7cbdc5b64e44210804d9

Le Congrès américain dissout le veto présidentiel au budget de la défense

C’est avec un échec retentissant que Donald Trump commence l’année 2021. Vendredi, les républicains du sénat se sont joints aux démocrates pour désavouer le veto du président sortant sur le budget de la défense adopté début décembre après de longues négociations. Trump avait posé son veto, le neuvième de son mandat, au budget de la défense le 22 décembre dernier.

Le président Trump s’opposait au texte pour plusieurs raisons. Il souhaitait une réforme de la loi sur la décence des communications qui protège le statut juridique des réseaux sociaux et les empêche d’être poursuivis pour ce qui est publié sur leurs plateformes. Il s’opposait aussi à une revendication issue du mouvement Black Lives Matter: le changement du nom des bases militaires baptisées en hommage à des généraux sudistes de la guerre de sécession. Trump souhaitait aussi conserver le tout pouvoir présidentiel sur les décisions concernant le retrait des troupes à l’étranger. De plus, il trouvait le texte trop favorable à la Chine.

En quatre ans, c’est la première fois que le Congrès réussit à réunir suffisamment de voix (les deux-tiers) pour rejeter un veto de Trump. Ce sont d’abord les membres de la Chambre des représentants qui se sont exprimés lundi en ce sens, 109 républicains s’étant alliés à 212 démocrates pour contourner le veto. Puis, les sénateurs ont adopté vendredi le National Defense Authorization Act, qui répartit les 740 milliards de dollars alloués aux dépenses militaires, à 81 voix contre 13.

La présidente de la Chambre, la démocrate Nancy Pelosi, a félicité un vote « bipartite écrasant ». Donald Trump a donc été humilié par sa majorité, tandis qu’il nie toujours sa défaite à trois semaines de l’entrée du nouveau président à la Maison Blanche.

Sources :
https://www.lemonde.fr/international/article/2021/01/02/le-congres-balaie-le-veto-de-donald-trump-sur-le-budget-de-la-defense_6065011_3210.html
https://www.leparisien.fr/international/etats-unis-le-congres-impose-un-revers-cinglant-a-donald-trump-29-12-2020-8416482.php

Soudan : fin de la mission de maintien de la paix de l’ONU et l’Union Africaine au Darfour

« La mission de maintien de la paix a pris fin jeudi 31 décembre à minuit au Darfour » a annoncé le porte-parole de l’Union Africaine, Ashraf Eissa à l’AFP. La fin de la mission a été décidée par le Conseil de sécurité des Nations Unies malgré de nombreux désaccords. Le retrait progressif des 8000 membres de la mission onusienne, militaires, policiers et civils, durera six mois et commencera ainsi dès janvier.

Cette mission de maintien de la paix longue de 13 ans avait pour objectif de protéger les civils menacés par les confrontations entre les forces du gouvernement et des insurgés issus de minorités. Les violences dans la région soudanaise du Darfour avaient commencé dès 2003 lorsque des insurgés accusent le régime d’Al-Bachir, destitué en 2019, de marginaliser la région. Le gouvernement avait alors envoyé les Janjawid, une milice armée composée de nomades arabes, accusés de viols et de nettoyages ethniques. Selon les Nations Unies, les violences dans la région ont provoqué la mort de 300 000 personnes et ont fait plus de 2,5 millions de déplacés.

Le retrait de la force onusienne soulève des inquiétudes du fait du retour des violences intercommunautaires dans la région. Dans un communiqué, l’Union Africaine a précisé que le gouvernement soudanais reprendrait « la responsabilité de la protection des civils dans la région ». Les autorités soudanaises ont assuré que leurs troupes y seraient déversées. Un accord de paix avait été signé en octobre entre les rebelles du Darfour et le gouvernement de transition du Soudan, issu d’un accord entre militaires et dirigeants du mouvement de contestation.

Cependant, le retrait de la force multilatérale ne rassure pas les habitants du Darfour qui ont manifesté ces dernières semaines pour exprimer leur mécontentement. Toutefois, le retrait de la mission ne signifie pas la fin de l’aide humanitaire internationale au Soudan et l’ONU va rester dans la région via la Mission intégrée d’assistance à la transition au Soudan (UNITAMS) qui a pour objectif d’aider le gouvernement de transition à résoudre les « défis sécuritaires, politiques et économiques ».

Sources :
https://news.un.org/fr/story/2020/12/1085722
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2020/12/31/soudan-l-onu-et-l-union-africaine-annoncent-la-fin-de-leur-mission-de-treize-ans-au-darfour_6064906_3212.html

L’assassinat de 3 soldat français de l’opération Barkhane revendiqué par Al-Qaïda

Trois soldats français en opération au sein de la force Barkhane ont été tué, lundi 28 décembre, par un « engin explosif improvisé », selon les propos du gouvernement. Les 3 soldats avaient 21, 23 et 28 ans, ils étaient pilote de véhicule blindé léger, tireur antichar et adjoint chef de patrouille. Le nombre de soldats français tués dans les opérations Serval puis Barkhane au Sahel depuis 2013 atteint ainsi 47. Le président Macron a exprimé sa « très grande émotion » mais a rappelé la « détermination de la France à poursuivre la lutte contre le terrorisme », notamment dans cette région.

L’attaque a eu lieu dans la région de Hombori au centre du Mali, dans la zone dite des « trois frontières ». La force déployée dans cette région a pour objectif de lutter contre les groupes terroriste qui s’y étendent et qui s’opposent : l’État Islamique au Grand Sahel (EIGS) et le Groupe de Soutien à l’Islam et aux Musulmans (GSIM) affilié à Al-Qaïda. Ce dernier avait été désigné comme « l’ennemi le plus dangereux » par le commandant de Barkhane Marc Conruyt devant les députés français à l’heure du bilan de l’opération. Ainsi la force Barkhane avait neutralisé des cadres d’Al-Qaïda au Maghreb Islamique (dont une des branches a formé le GSIM) dont son chef historique en juin et l’un de ses chefs militaires en novembre.

Le samedi 2 janvier, le GSIM a revendiqué l’attaque qui a tué les trois soldats français. Parmi les raisons invoquées, le groupe a mentionné la poursuite de la présence militaire française dans la région, la publication de caricatures de Mahomet ou encore la politique du gouvernement français vis-à-vis des musulmans du pays.

Sources :
https://www.lepoint.fr/societe/mali-trois-soldats-francais-tues-en-operation-lundi-selon-l-elysee-28-12-2020-2407344_23.php
https://www.lemonde.fr/international/article/2021/01/02/la-branche-d-al-qaida-au-sahel-revendique-la-mort-des-trois-soldats-francais-au-mali_6065043_3210.html

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