Une semaine dans le monde : la semaine du 14 décembre 2020

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L’antenne Security and Defense vous propose de découvrir les actualités sécurité et défense importantes de la semaine. L’article a été rédigé par Raphaelle Loyau, Jeanne El Arafi et Inès Evrain.

Attaque meurtrière au Niger attribuée à Boko Haram

Dans la nuit du 12 au 13 décembre, 70 assaillants ont mené une attaque meurtrière de trois heures à Toumour, dans le sud-est du Niger, faisant 34 morts et de nombreux blessés et disparus. La plupart des habitations et une grande partie des ressources ont été détruites par le feu. Cette attaque, attribuée par les autorités nigériennes au groupe djihadiste Boko Haram, a eu lieu à la veille de scrutins municipaux et régionaux, et à quelques semaines des élections présidentielles prévues le 27 décembre.

Boko Haram, né en 2009 au Nigeria, dispose de nombreuses bases dans la région du Lac Tchad, zone de frontière entre le Niger, le Nigeria, le Tchad et le Cameroun. Le Niger est fortement touché par ces attaques meurtrières depuis quatre ans, ainsi que par celles d’autres groupes djihadistes.

L’ONU a condamné cette attaque, et se dit préoccupée par le sort des quelque 30 000 réfugiés et déplacés vivant dans la région de Diffa. Antonio Guterres, secrétaire général de l’ONU, regrette de plus que le déroulement pacifique des élections ait été perturbé par cette attaque : à Toumour, les scrutins du 13 décembre n’ont pu avoir lieu, et les élections présidentielles ont d’ors et déjà été repoussées par deux fois.

Avec le rapt cette semaine de plus de 300 lycéens au Nigéria, revendiqué par Boko Haram, le groupe djihadiste étend malheureusement  son action en Afrique de l’Ouest, et hors de son fief. 

Sources:
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2020/12/14/au-niger-une-attaque-djihadiste-meurtriere-dans-le-sud-est-a-deux-semaines-de-la-presidentielle_6063293_32
https://news.un.org/fr/story/2020/12/1084542


La France pose son veto au rachat de Photonis

C’est une nouvelle « pépite » française qui échappe au rachat par un acteur étranger. En effet, le 18 décembre, la France a posé un veto inédit au rachat de Photonis par l’entreprise américaine Teledyne, au nom de la « protection stratégique des intérêts nationaux ».

Ce veto est l’un des nombreux rebondissements de négociations qui durent depuis plus d’un an, depuis que le fonds Adrian, propriétaire majoritaire de Photonis, souhaite vendre ses parts pour un montant de 425 millions d’euros.

Photonis est une société du Sud-ouest, spécialisée entre autres dans la vision nocturne pour les armées, et qui fournit également de la technologie de pointe dans le nucléaire. Sa caméra CMOS Kameleon par exemple, permet de filmer en couleur durant la nuit.

En mars dernier, l’Etat avait d’ors et déjà fait pression sur Safran et Thales afin qu’ils rachètent l’entreprise. Cela traduit bien la volonté française de mettre un frein aux rachats de « pépites » françaises par des acteurs étrangers, surtout chinois ou américains. A l’annonce de ce veto, le cabinet de la Ministre des Armées s’est félicité dans un communiqué d’avoir su faire front commun avec Bruno Le Maire sur ce dossier. Florence Parly s’engage également à trouver une « solution de reprise nationale » pour cette « entreprise essentielle aux opérations militaires françaises ».

Sources:
https://www.defense.gouv.fr/salle-de-presse/communiques/communiques_souverainete-des-entreprises-strategiques-florence-parly-annonce-que-l-etat-travaille-a-une-solution-alternative-de-reprise-de-photonis


Les États-Unis touchés par une cyberattaque, la Russie est soupçonnée

Le dimanche 13 décembre, un logiciel espion utilisé par de nombreuses administrations américaines, telles que le ministère de l’intérieur, certaines parties du Pentagone ou encore l’agence du ministère de l’énergie chargée de gérer le stock d’armes nucléaires, a été repéré. Ce logiciel espion serait parvenu à infiltrer les systèmes des victimes par l’installation d’une mise à jour d’Orion, un logiciel de gestion et de supervision de réseaux informatiques de grandes entreprises ou administrations, commercialisé par Solarwinds. Cette attaque aurait été lancée depuis le mois de mars 2020 par des pirates encore non-identifiés. Une longue enquête est à prévoir.

Mike Pompeo, secrétaire d’État, a dénoncé vendredi 18 décembre une attaque russe, ce que le Kremlin a démenti. Le silence du président Trump lui a été reproché par des sénateurs républicains comme démocrates. Joe Biden a quant à lui réagi et a assuré faire de la cybersécurité “une priorité” de son mandat. Au moment clé qu’est la transition de gouvernement, un défi pour le renseignement militaire américain d’assurer la sécurité des serveurs informatiques de l’armée et de l’État. 

D’autres pays auraient été touchés : le Canada, le Mexique, la Belgique, l’Espagne, le Royaume-Uni, Israël et les Emirats arabes unis. L’ère du numérique fait de la cybersécurité un nouvel enjeu géopolitique majeur.

Sources: 
https://www.lemonde.fr/pixels/article/2020/12/17/panique-et-incertitude-aux-etats-unis-apres-une-severe-operation-d-espionnage-informatique_6063794_4408996.html
https://www.lemonde.fr/pixels/article/2020/12/19/washington-accuse-la-russie-d-etre-derriere-une-operation-d-espionnage-informatique_6063932_4408996.html


Vers la fin de l’opération Barkhane ?

La France s’est engagée il y a huit ans déjà dans la lutte contre le terroriste islamiste dans la bande sahélienne dans le cadre des opérations Serval puis Barkhane. Aujourd’hui, le chef d’état-major des armées, François Lecointre, réfléchit à une stratégie de sortie pour les 5 100 soldats militaires qui y sont engagés. Il a toutefois assuré qu’il ne s’agissait pas de mettre un terme à l’opération Barkhane mais de penser une « évolution » de l’opération extérieure.

Des troupes de jeunes soldats maliens ont été formés par l’UETM, une mission européenne créée en 2012, et par des militaires français dans le perspective d’une opération commune d’envergure au début de l’année 2021. Le renforcement et la montée en puissance de l’armée malienne sont des nécessités pour obtenir la paix dans la région. 

Dans la perspective des élections en 2022, faire le bilan apparaît nécessaire pour dépasser la simple appréciation politique du nombre de morts et de l’échéance symbolique des dix ans d’engagement. Le chef d’état-major a dès 2018 prévenu l’Assemblée nationale du temps long, « dix ou quinze ans », que prendrait selon lui le rétablissement de la paix dans la région.

Sources:
https://www.lemonde.fr/international/article/2020/12/17/on-a-fait-le-tour-du-cadran-la-france-cherche-une-strategie-de-sortie-pour-la-mission-barkhane-au-sahel_6063673_3210.html 


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