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Depuis 2018, la hausse des dépenses militaires chinoises inquiète ses voisins. Un nouveau communiqué, publié par le régime de Xi Jinping, annonce une hausse du budget militaire chinois de 6,8% pour l’année 2021. Volonté militaire ou prévoyance face aux nombreuses tensions au cœur desquelles se trouve le pays ?

Une hausse constante du budget militaire chinois

Depuis 2018, les dépenses militaires de la Chine ne passent pas inaperçues. En effet, en 2018, elles étaient presque 10 fois supérieures aux dépenses de 1994, et représentaient 14% des dépenses militaires mondiales. Des chiffres qui se sont confirmés ces dernières années : en 2019, le budget militaire augmente de 7,5% et de 5,1% en 2020 (il représente alors 163 milliards d’euros). Ces chiffres, qui sont les chiffres officiels, peuvent toutefois cacher une plus grande augmentation de ces dépenses. En 2019, le budget  de la Chine s’est hissé en deuxième position, derrière celui des Etats-Unis, et devant l’Inde.

L’Armée populaire de libération (APL) est l’armée comptant le plus d’effectifs en 2020 : avec 2,2 millions de militaires, elle dépasse largement les 1,4 millions de soldats formant l’armée américaine. Depuis 2015, elle ne cesse de plus de se moderniser, notamment en ce qui concerne les méthodes d’entraînement de ses hommes. En quatre ans, la République populaire de Chine s’est dotée de l’équivalent de la flotte française, pour devenir en 2019 la plus importante flotte maritime militaire : tandis que les Etats-Unis possèdent 293 bâtiments, se sont 350 bateaux et sous-marins qui composent la puissance maritime chinoise. Un chiffre à relativiser, la Chine ne pouvant pas se targuer de surpasser la flotte américaine, que ce soit en termes de technologie, ou de sa force de projection à travers le globe.

Cette hausse du budget militaire s’explique par le fait qu’en novembre 2017, Xi Jinping avait promis à son peuple une « armée de classe mondiale » d’ici 2050. Sa volonté de rattraper l’Occident explique en partie cet investissement majeur dans l’armée chinoise. Cette volonté politique affirmée d’augmenter la puissance de l’armée chinoise passe par une hausse des capacités nucléaires, le développement de l’intelligence artificielle, mais également par l’élargissement de la flotte militaire et la conquête progressive de l’Espace. Ce ne sont toutefois pas les seules raisons permettant d’expliquer le développement massif de l’armée chinoise : Xi Jinping le présente en effet comme une manière de relancer l’économie, grâce au domaine de la recherche et du développement. Cela permet également de renforcer le sentiment national du peuple chinois, dans un contexte de tensions autour du territoire indépendant de Hong Kong.

Une volonté militaire qui inquiète les pays voisins de la Chine

Cette hausse du budget militaire chinois est, sans conteste, une manière d’affirmer les prétentions territoriales de la Chine, et une façon de défendre ses frontières. C’est également un moyen de dissuasion face aux Etats-Unis,  à l’heure où les relations entre les deux pays connaissent de nombreuses tensions : début mars, Anthony Blinken, secrétaire d’Etat des Etats-Unis, décrit la Chine comme « le plus grand défi géopolitique » du siècle. Des termes qui illustrent bien la crainte que suscite la Chine auprès de la communauté internationale, et particulièrement de ses voisins. En 2018, le Japon fait part de son souhait de transparence de la part de la Chine quant à ses dépenses et objectifs militaires. Ce manque de transparence dans les données fournies par le pays de Xi Jinping inquiète également les Etats-Unis, notamment en matière de force nucléaire.

La mer de Chine méridionale cristallise bien les craintes des pays d’Asie du Sud-Est voisins : enjeu stratégique de premier plan et source de conflits territoriaux maritimes, cette zone contient de nombreuses ressources naturelles. La Chine revendique la totalité des archipels s’y trouvant. Pour mener à bien ces revendications territoriales, le pays ne cesse de militariser cet espace maritime : on se souvient du plus grand exercice militaire jamais mené en mer de Chine méridionale en 2018. La Chine, face à Taiwan, aligne alors 48 de ses navires, dont le Liaoning, son unique porte-avion. Cette démonstration de force n’est pas isolée : en juillet 2020, c’est un exercice militaire aérien qui est mené par Pékin en réponse à une opération « liberté de navigation » menée par les Etats-Unis. Ces derniers s’opposent aux revendications territoriales chinoises dans cette région maritime. En plus de ces exercices militaires, le pays militarise de nombreux îlots présents en Mer méridionale, comme sur les îles Spratleys.

Une hausse du budget militaire à relativiser ?

De nombreux académiciens, spécialisés sur l’armée chinoise, appellent toutefois à relativiser ces hausses répétées et constantes du budget militaire chinois. Pour James Char, ces dépenses ne sont pas disproportionnées, car elles suivent plus ou moins le PIB du pays. En 2019, le budget militaire chinois représentait 5% du budget de l’Etat (selon les chiffres officiels transmis dans le Livre blanc sur la défense chinoise). D’autres arguent que ces dépenses sont compréhensibles, à l’heure où le pays connaît de multiples tensions : à la frontière indienne, dans la péninsule coréenne, dans ses relations avec les Etats-Unis.

Dans son livre blanc sur la défense de 2019, le régime de Xi Jinping semble vouloir rassurer la communauté internationale, assurant que la Chine « ne cherchera jamais l’hégémonie, l’expansion ou les sphères d’influence », présentant les dépenses militaires comme « raisonnables et appropriées » dans une mesure de défense de son territoire. Toutefois, il est à noter que certains sujets et chiffres ne sont pas fournis par les rapports officiels chinois : ainsi, aucune donnée relative à la Recherche et au développement ne sont dévoilées, la stratégie d’intégration civile-militaire, mise en place en 2015, n’est que brièvement mentionnée : de quoi comprendre l’inquiétude des pays voisins à la Chine. Il reste fort à parier que les dépenses militaires chinoises seront, pour un temps encore, surveillées de près par la communauté internationale…