L’arme atomique, un jouet à ne pas mettre entre toutes les mains : l’Iran et la Corée Du Nord à la quête de l’atomique

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L’Iran et La Corée du Nord sont les deux pays qui cherchent actuellement à développer l’arme atomique. Peut-on les comparer ? Quelles seraient les conséquences s’ils parvenaient à disposer de missiles balistiques ?

Le 23 avril 2016, La Corée du Nord tirait un missile balistique depuis un sous-marin comme une mise au défi. Son programme nucléaire avance, et si les avertissements contre un des derniers régimes communistes sont toujours plus durs, . La Corée du Nord semble partie pour rejoindre le club très fermé des pays disposant de la bombe et pouvant l’utiliser. Tout comme l’Iran qui se bat pour disposer de la même technologie que 8 autres pays.

La première bombe atomique, Gadget, explose aux Etats-Unis le 16 juillet 1945. Trois semaines plus tard, le 6 et 9 août 1945, Hiroshima et Nagasaki sont rayés de la carte lors des deux seules utilisations de l’arme. Devant cela, l’URSS se démène pour l’obtenir à son tour, le 29 août 1949. L’équilibre est posé. Trois autres pays vont obtenir la bombe A, le Royaume-Uni en 1952, la France en 1960 et la Chine en 1964, soit les 5 membres permanents du Conseil de Sécurité de l’ONU. A ceux-là sont venus s’ajouter l’Inde, le 11 mai 1998, suivi de près par le Pakistan le 28 mai 1998, et Israël, dont les informations sur son arsenal sont sporadiques[i]. Les possesseurs de cette arme hautement stratégique se multiplient, alors même qu’il existe des accords internationaux pour limiter cela. Le Traité de Non-Prolifération a été signé en 1968 par la quasi-totalité des pays du monde, à l’exception de l’Inde, du Pakistan et d’Israël, trois puissances nucléaires actuelles, ce qui fragilise de ce fait la crédibilité d’un traité encore d’actualité. Mais ce traité a le mérite d’avoir annulé un bon nombre de programmes, comme en Argentine, en Afrique du Sud ou en Egypte. Il faut aussi ajouter qu’à la suite de partenariats, de nombreux pays disposent de la protection atomique, comme les pays membres de l’OTAN ou ceux ayant signé des accords militaires avec une puissance atomique, dont le Japon. Cependant, certains pays continuent leurs recherches pour se doter de l’arme atomique, notamment la Corée du Nord et l’Iran.[ii]

Deux pays qui jouent les trouble-fêtes

De nos jours, deux Etats mettent tout en œuvre pour maîtriser l’arme qui permettrait de les replacer sur la carte géopolitique régionale voire mondiale. D’un côté, se joue la mer de Chine orientale et de vieux clivages hérités de la guerre froide ; de l’autre se dessine l’hégémonie militaire, politique et culturelle au Moyen-Orient. [La République Populaire Démocratique de Corée souhaite retrouver une certaine influence en mer de Chine orientale tandis que l’Iran lutte pour l’hégémonie politique, culturelle et militaire au Moyen Orient.] Dans les deux cas, un obstacle s’oppose au projet : l’Oncle Sam veille. Pourquoi les Etats-Unis cherchent ils à les en empêcher ? Plusieurs raisons peuvent être évoquées.

La première, la plus simple, est que ces deux Etats ont des relations complexes et tendues avec la patrie de Trump. L’Iran a en 1979 effectué une révolution menée par le mollah Khomeiny, qui a eu comme premier réflexe de laisser faire la prise de l’ambassade américaine par des manifestants. De plus, certains présidents, comme Mahmoud Ahmadinejad (2005-2013), ont menacé de porter atteinte à la sécurité d’Israël, alors même que ce pays est un allié historique des Etats-Unis. [iii] La Corée du Nord quant à elle ravive constamment les braises de la guerre de Corée (1950-1953) en menaçant deux alliés stratégiques des Etats-Unis, la Corée du Sud et le Japon. Autre point commun,  l’Iran et la Corée du Nord ont été soutenus par une puissance en opposition latente avec les Américains, respectivement la Russie et la Chine. Si l’Iran bénéficie encore grandement de l’aide russe, puisque ce sont des ingénieurs envoyés par le Kremlin qui participent au programme nucléaire du régime, la Corée du Nord voit la Chine se décharger de son soutien devant l’indocilité de son dirigeant, Kim Jong-un, et le Conseil de Sécurité de l’ONU prendre de nombreuses sanctions à son encontre.[iv]

Pourtant de nombreuses divergences existent entre ces deux Etats. Si les deux sont isolés sur le plan économique et financier par le blocus occidental, l’Iran dispose d’une économie bien plus développée, d’une taille plus importante avec des ressources naturelles conséquentes, et d’une réelle intégration dans la politique régionale où elle concurrence frontalement l’Arabie Saoudite. La Corée, à côté, est un pays où la famine est récurrente et qui se trouve totalement coupé du monde. Son économie est peu développée car une grande partie des finances est dirigée vers le programme nucléaire. Finalement, la plus grande fierté nationale reste les licornes qui auraient été découvertes dans leurs forêts en 2012 (sic)[v]. L’Iran, étant intégré dans les processus politiques régionaux, peut être un interlocuteur comme le montre les différents accords plus ou moins respectés mais qui ont le mérite d’exister. Le dernier accord en date, signé à Vienne le 14 juillet 2015, est censé limiter le programme nucléaire contre une levée des sanctions économiques.[vi] Cependant, la Corée a déjà fait quatre tests nucléaires, et même si certains ont échoué, ce pays semble disposer de la technologie pour fabriquer l’arme, selon des rapports américains. En revanche, elle ne dispose pas encore de la technologie pour la transporter dans des missiles balistiques ni de la capacité d’en fabriquer un nombre important. [vii] Ainsi, la Corée du Nord est bien plus avancée dans son programme que l’Iran.

Le passage du nucléaire d’une arme de défense à une arme d’attaque

Quelle serait la réelle conséquence si jamais ces deux pays venaient à avoir l’arme atomique ? Pour le Moyen Orient, cela pousserait à un armement massif des autres pays de la région, surtout les pays du Golfe et la Turquie. L’Arabie Saoudite pourrait vouloir le suivre et investir à son tour dans un programme de nucléaire militaire ruineux, comme des rumeurs le suggèrent.[viii] De son côté, la Corée du Nord amènera les Etats Unis à muscler leur présence dans la région, au grand dam de la Chine. La Corée du Nord possède sans doute déjà l’arme atomique au vue des différents essais plus ou moins concluants effectués ces dernières années. Devant l’avancée de cet Etat dans ce domaine hautement stratégique, les Etats Unis conjointement avec la Corée du Sud et le Japon continuent de montrer leur présence par de grandes opérations de démonstrations navales.

La dissuasion nucléaire se révèle ici être l’inverse du projet originel et met en jeu la sécurité internationale. Auparavant, l’arme atomique avait comme principal objectif l’équilibre des pouvoirs entre puissances afin d’empêcher la guerre. Entre les mains de pays globalement stables et conscients de l’impact de l’usage de cette arme, elle n’était pas un danger. Cela évolue et la multiplication des Etats armés ou voulant l’être met à mal ce principe d’équilibre des forces. La présence de la bombe nucléaire dans des pays instables ou dans des régions soumises à des guerres fréquentes rend davantage plausible son utilisation, avec un enchainement dramatique.

De plus, son coût astronomique pèse fortement dans le budget de ces Etats. La Corée et l’Iran connaissent des crises économiques et financières répétées qui ne permettent pas le développement de leur pays. Si la République Islamique semble vouloir redevenir un Etat fréquentable, quitte à mettre en pause son programme, ce n’est absolument pas la rhétorique de la Corée du Nord, qui risque de tendre vers une situation déjà au bord de la rupture.

L’Iran et la Corée du Nord disposent donc de nombreux points communs dans leur recherche de l’arme atomique. Malgré les nombreuses sanctions et pressions internationales, il est vraisemblable que ces deux pays disposeront dans les prochaines années de la bombe puisque selon leur régime respectif, ils estiment qu’il en va de leur survie. Mais si l’Iran passe pour un pays ouvert, du moins en théorie, au dialogue, la Corée refuse tout compromis. Les risques pour la sécurité mondiale sont pourtant très élevés alors qu’un réarmement massif à l’échelle du monde se produit actuellement.

Bibliographie:

[i] http://www.lefigaro.fr/international/2008/05/07/01003-20080507ARTFIG00013-comment-la-france-a-aide-israel-a-avoir-la-bombe.php

[ii] https://fr.wikipedia.org/wiki/Arme_nucléaire

[iii] http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2011/11/09/97001-20111109FILWWW00532-l-iran-menace-israel-de-destruction.php

[iv] http://abonnes.lemonde.fr/asie-pacifique/article/2016/03/02/nucleaire-doutes-sur-l-efficacite-des-sanctions-imposees-a-pyongyang_4875312_3216.html

[v] http://www.huffingtonpost.fr/2012/12/01/coree-du-nord-taniere-licornes_n_2222814.html

[vi] http://abonnes.lemonde.fr/proche-orient/article/2015/07/14/un-accord-sur-le-nucleaire-iranien-a-ete-trouve_4682310_3218.html

[vii] http://www.francetvinfo.fr/monde/la-coree-du-nord-et-l-arme-nucleaire-un-rapport-troublant-du-pentagone_1651425.html

[viii] http://www.atlantico.fr/decryptage/arabie-saoudite-menace-entrer-dans-course-armement-nucleaire-vrai-faux-defi-riyad-washington-fabrice-balanche-2045183.html

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