2 minutes pour comprendre « Iron Dome », le bouclier anti-missile israélien

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Le 8 février 2017, Le Figaro annonçait que plusieurs roquettes avaient été tirées du Sinaï (Egypte) vers la station balnéaire d’Eilat au sud d’Israël, sans faire de blessés. L’article explique en effet que « certaines de ces roquettes ont été détruites en vol par des batteries d’Iron Dome ».

Iron Dome (« kipat barzel » en hébreu) est un dispositif unique au monde de défense aérienne mobile déployé en Israël depuis 2010.

1/ Fonctionnement

Le système repose sur six batteries qui sont réparties à travers le pays, aux alentours des villes d’Ashkelon, Ashdod, Beer’sheva, Tel Aviv, Netivot et Eilat. Ces batteries sont toutes équipées d’un radar de détection et de pistage permettant de repérer les roquettes et d’évaluer leur trajectoire de jour comme de nuit et peu importe les conditions météorologiques.

Si le point d’impact de la roquette calculé par le système se trouve en zone habitée ou sur une zone d’emplacement militaire, la batterie tire un missile pour détruire la roquette avant qu’elle n’atteigne le sol. Les missiles ainsi utilisés sont conçus pour éliminer des roquettes ou obus de courte portée (de 5 à 70 kilomètres) et ils sont guidés par radar. Chaque batterie serait ainsi capable de défendre à elle seule une ville de 100 000 habitants et suivre plus de deux cent cibles par minute.

Cependant, ces tirs de missiles ne sont pas automatiques mais décidés par un chef de batterie, dont le temps de décision est inférieur à deux minutes.

A l’inverse, si le point d’impact de la roquette se situe dans une zone déserte, la batterie la laisse s’écraser.

2/ Coût et financement

Chaque batterie contient vingt missiles d’interception, coûtant 60 000 dollars chacun. Cela en fait un dispositif très onéreux, d’autant plus que le coût des roquettes destinées à être détruites par ces missiles n’excède jamais 1 000 dollars. Le système avait ainsi été contesté pour la disproportion des moyens mis en place, par certains journalistes Israéliens. Israël aurait en effet investi un milliard de dollars dans la mise en place d’Iron Dome.

Toutefois, le système est en parti financé par les Etats-Unis : ainsi, en 2009, les sénateurs Américains votaient une aide de 205 millions de dollars destinés à la mise en place d’Iron Dome, en plus des trois milliards d’aide militaire américaine destinée chaque année à Israël. Iron Dome est ainsi devenu le symbole des relations entre les Etats-Unis et Israël sous la présidence Obama.

Cependant, malgré ces investissements très importants, les Etats-Unis ne possèdent aucun droit sur la technologie d’Iron Dome. L’engouement américain et les sommes investies pour un tel dispositif s’expliquent notamment par les intérêts économiques américains dans la région du Moyen-Orient.

Les Américains sont en effet le plus grand fournisseur d’armes d’Israël et, en  contrepartie, la Sixième flotte américaine (une des unités de l’US Navy en Méditerranée) stationne à Haifa au nord d’Israël, qui assure la logistique et la maintenance pour les forces américaines déployées dans la région. De plus, les services de renseignement des deux pays, CIA et Mossad collaborent étroitement.

3/ Limites du système

Le coût onéreux n’est pas la seule critique du dispositif, son efficacité est aussi contestée. Selon l’armée israélienne, le taux de réussite d’Iron Dome serait d’environ 80 %. Mais le système reste critiqué car des débris des roquettes détruites peuvent retomber sur des zones habitées ou des infrastructures militaires et les missiles intercepteurs peuvent échouer.

Par ailleurs, le dispositif ne fonctionne pas à très courte distance (à moins de 5 kilomètres). Ainsi, les personnes vivant à moins de cinq kilomètres des batteries d’Iron Dome ou très proche de la bande de Gaza peuvent être touchées par des roquettes et des mortiers.

4/ Un système complété par d’autres dispositifs

D’autres dispositifs d’interception complètent ce système. Ainsi, depuis 2000, le système Arrow intercepte, lui, les missiles balistiques de longue portée (supérieure à 250 kilomètres). Là encore, les Etats-Unis soutiennent cet autre dispositif de défense aérienne qu’ils financent pour moitié chaque année.

Depuis 2010, les Etats-Unis et Israël développent également le dispositif « Baguette magique » destiné à être déployé dans le nord d’Israël pour intercepter les roquettes du Hezbollah, mouvement chiite libanais, de plus longue portée que celles des mouvements palestiniens de la bande de Gaza.
Cet autre intervient ainsi contre les missiles de courte portée (supérieure à 70 kilomètres mais inférieure à 250 kilomètres), les roquettes de longue portée et les missiles de croisière.

Iron Dome, Arrow et « Baguette magique » jouent donc un rôle important dans la Défense israélienne qui continue de se développer puisqu’une version navale d’Iron Dome est actuellement testée. Elle sera destinée à contrer les menaces pouvant venir de la mer et à protéger une importante plate-forme gazière située à une trentaine de kilomètres au large de Gaza.

Marie Haupas

http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2017/02/08/97001-20170208FILWWW00345-israel-tirs-de-roquettes-d-egypte-vers-eilat.php

http://www.slate.fr/story/65101/comment-fonctionne-iron-dome-le-systeme-anti-roquettes-israelien

http://www.lemonde.fr/international/article/2014/07/10/le-dome-de-fer-piece-maitresse-israelienne-contre-les-tirs-palestiniens_4454427_3210.html

http://www.francetvinfo.fr/monde/proche-orient/israel-palestine/qu-est-ce-que-le-dome-de-fer-antimissiles-d-israel_644213.html

https://fr.wikipedia.org/wiki/D%C3%B4me_de_fer

http://www.opex360.com/2016/05/20/version-navale-du-systeme-anti-missiles-israelien-iron-dome-testee-avec-succes/

https://fr.wikipedia.org/wiki/Relations_militaires_entre_les_États-Unis_et_Israël

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