Une semaine dans le monde : la semaine du 21 décembre 2020

Une semaine dans le monde : la semaine du 21 décembre 2020

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L’antenne International Security and Defense a sélectionné pour vous les informations importantes de la semaine du 21 décembre. L’article a été rédigé par Jeanne El Arafi, Emma Josso et Raphaelle Loyau.


Moscou renforce son influence militaire en République Centrafricaine

Le 22 décembre, le ministère russe des Affaires étrangères a annoncé avoir envoyé 300 instructeurs militaires supplémentaires en Centrafrique pour former l’armée nationale afin de soutenir le gouvernement dans le contexte très tendu des élections présidentielles et législatives. La République Centrafricaine est déchirée par une guerre civile depuis 2012 et est dirigée par le président Faustin-Archange Touadéra depuis 2016, qui brigue un second mandat à l’issue des élections dont le premier tour est fixé au 27 décembre.

La situation est très instable dans le pays et près des 3/4 du territoire sont contrôlés par des groupes armés opposés au gouvernement. La Russie envoie depuis quelques années des instructeurs civils et militaires pour aider Touadéra à garder le contrôle. La décision d’envoyer 300 instructeurs de plus aurait été prise à la demande de Bangui pour faire face à la montée des violences dans le contexte électoral, et notamment après une offensive des groupes rebelles, qualifiée de « tentative de coup d’État,» par le gouvernement centrafricain. Ces groupes se rapprochent de la capitale et se sont emparés de la 4ème ville du pays, Bambari, à 380 km au nord-est de cette dernière.

La présence militaire est l’un des axes privilégiés de la stratégie russe pour étendre son influence en Afrique. Dans le cas de la République Centrafricaine, sa présence se traduit par la vente d’armes, la formation militaire, mais aussi l’envoi de mercenaires par des sociétés militaires privées non affiliées officiellement au gouvernement comme le groupe Wagner. Ainsi, la Russie exporte sa doctrine militaire, ses armes et sa façon de faire, renforçant son influence sur le pays.

Sources :
https://www.lefigaro.fr/flash-actu/moscou-a-envoye-300-instructeurs-militaires-supplementaires-en-centrafrique-20201222
https://www.france24.com/fr/afrique/20201222-centrafrique-la-quatri%C3%A8me-ville-du-pays-aux-mains-des-rebelles


Nouvel ennemi et manque d’hélicoptères : ce qu’il faut retenir de l’audition du général Conruyt, commandant de la force Barkhane

En pleine réflexion sur l’avenir de l’opération Barkhane, la commission des affaires étrangères et de la défense du Sénat a entendu le commandant de la force Barkhane, le général Conruyt, le 25 novembre. Dans le compte rendu de cet entretien, « Bilan et perspective de l’opération Barkhane », publié récemment, le général y rappelle sa confiance en l’opération mais établit aussi un état des lieux des limites dont elle fait face et des changements en cours sur le terrain.

Premier constat: l’ennemi est en train de changer. Au sommet de Pau en janvier, la force Barkhane et ses alliés du G5 Sahel, avaient décidé de concentrer leurs efforts sur l’État Islamique au grand Sahara (EIGS) qui avait multiplié ses attaques fin 2019. Les coopérations entreprises et l’opération «Bourrasque», ont permis de considérablement affaiblir le groupe djihadiste. Le général le confirme mais indique qu’il convient de rester prudent car il conserve une force de résurgence. En revanche, son rival, le Groupe de Soutien à l’Islam et aux Musulmans (GSIM), formé en 2017 et affilié à Al-Qaïda, fait désormais figure « d’ennemi le plus dangereux pour la force Barkhane, pour les forces internationales et pour le Mali ». Il appelle à la plus grande vigilance face à cet ennemi très organisé, qui se consolide et qui a déplacé la guerre vers le centre, vers les régions les plus peuplées.

Deuxième constat: les effectifs sont limités et ne permettent pas d’être présent sur tous les points chauds, mais il y a surtout un manque de disponibilité d’hélicoptères. La force Barkhane dispose de 16 appareils, ce qui est insuffisant dans un théâtre d’opérations où il faut parcourir de longues distances. Les hélicoptères sont indispensables pour rapatrier rapidement les blessés et participent à la force morale des troupes selon le général. Pour pallier ce manque qui «impose une gestion dynamique d’une très grande complexité», il demande plus d’aide de la part des alliés européens.

Sources :
Général Conruyt : le GSIM, lié à al-Qaïda, est désormais « l’ennemi le plus dangereux » pour Barkhane
Barkhane : Le manque d’hélicoptères est un casse-tête pour la planification des opérations


Le Parlement turc adopte une motion prolongeant l’autorisation de déployer des militaires en Libye

Mardi 22 décembre, le parlement turc a voté une motion visant à prolonger de 18 mois le mandat de ses troupes déployées en Libye, conformément à la volonté du président Erdogan. Cette décision intervient un peu moins de deux semaines après l’adoption d’une déclaration à l’unanimité par le Conseil de sécurité des Nations unies exigeant le retrait des combattants étrangers, qui sont environ 20 000 aujourd’hui. Dans sa déclaration, le Conseil a rappelé l’accord de cessez-le-feu signé en octobre par les parties libyennes et les engagements des participants à la Conférence de Berlin en janvier. 

Depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011, deux autorités se disputent le pouvoir : le Gouvernement d’Union nationale (GNA) installé à Tripoli et reconnu par l’ONU, et un gouvernement issu du Parlement élu en 2014, basé à Tobrouk et incarné par le maréchal Khalifa Haftar. Les deux pouvoirs sont soutenus par des puissances étrangères de part et d’autre, comme la Turquie pour le GNA et la Russie et l’Egypte pour l’Armée libyenne de libération de Haftar, qui cherchent à pousser leurs intérêts dans cette région de tensions. En effet, Ankara a signé un accord sur les frontières maritimes avec Tripoli qui lui permet d’appuyer ses revendications dans l’exploitation des gisements d’hydrocarbures en Méditerranée orientale aux dépens de la Grèce et de Chypre. 

Cette motion s’inscrit donc bien dans la volonté de la Turquie de préserver ses intérêts, qui seraient “affectés négativement” si Haftar venait à lancer une offensive. Ce dernier a riposté jeudi en appelant ses troupes à “chasser l’occupant turc”, et a déclaré : “Nous devons rappeler aujourd’hui qu’il n’y aura pas de paix en présence d’un colonisateur sur notre terre.”. Suite à cela, le ministre turc de la Défense, Hulusi Akar, s’est rendu à Tripoli samedi 26 décembre alors que sa visite n’était pas prévue, accompagné du chef d’état-major des forces turques Yasar Güler et d’autres chefs militaires. Selon un communiqué officiel, Akar a évoqué avec les responsables libyens du GNA les moyens de riposter face à la menace d’une nouvelle attaque du maréchal Haftar. 

Sources :
Libye : Le maréchal Haftar appelle ses troupes à « chasser l’occupant » turc
https://www.lorientlejour.com/article/1246140/le-ministre-turc-de-la-defense-senvole-pour-la-libye.html


L’armée malienne accusée de “crimes de guerres” par une Commission de l’ONU 

Selon un rapport de l’ONU transmis mi-décembre au Conseil de sécurité, l’armée malienne est accusée de “crimes de guerre” et de “crimes contre l’humanité”. La Commission d’enquête internationale sur le Mali, qui est à l’origine de ce rapport de 350 pages, est un organe indépendant créé en 2018 qui a étudié les crimes commis dans ce pays. Elle a indiqué avoir “des motifs raisonnables de croire que l’armée malienne a commis des crimes de guerre et plusieurs groupes armés des crimes contre l’humanité.”. 

En 2012, les militaires maliens s’étaient emparés du pouvoir par un coup d’État dans le but de contenir la déroute de l’armée du pays face aux troupes des rebelles indépendantistes et djihadistes dans le Nord du pays. Cependant, la déroute de l’armée n’a fait que s’accélérer, plongeant le Mali dans une grave crise, même si l’intervention des troupes françaises a marqué un coup d’arrêt à l’avancée des rebelles. 

Les forces de sécurité et de défense maliennes avaient déjà été rendues coupables en 2013 d’assassinats contre les communautés touareg et arabes, associées aux rebelles indépendantistes et djihadistes. La Commission dénonce aujourd’hui des persécutions à l’encontre de la communauté des Peuls par les forces armées maliennes, suite à l’irruption d’un nouveau groupe djihadiste dans le pays dirigé par le prédicateur Peul Amadou Koufa. 

La Commission pointe du doigt à la fois l’armée malienne mais aussi les ex-rebelles du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) et le groupe pro-gouvernement Gatia, signataires d’un accord de paix en 2016. Les groupes armés djihadistes sont également accusés de “crimes contre l’humanité”, comme la milice Dan Na Ambassagou, qui défend le peuple des Dogons au centre du Mali et qui est accusée de plusieurs massacres de civils peuls. Enfin, cette même Commission réclame dans son rapport la création d’une Cour spécialisée dans les crimes internationaux. 

Source : 
https://www.francetvinfo.fr/monde/afrique/mali/mali-l-armee-accusee-de-crimes-de-guerre-par-une-commission-de-l-onu_4229693.html 


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