L’antenne International Security and Defense est très heureuse de reprendre sa série une semaine dans le monde. Aujourd’hui nous revenons sur la semaine du 19 octobre. L’article a été rédigé conjointement par Inès Evrain, Camille Guiard et Jeanne Nuzillat.
L’EI revendique l’assaut d’une prison et la libération de ses détenus
Mardi 20 octobre, pendant la nuit, la prison de la petite ville rurale de Beni a été prise d’assaut par un groupe armé issu des Forces démocratiques alliées (ADF), une milice locale soutenue par l’organisation État islamique qui a immédiatement revendiqué l’attentat. Plus d’un millier d’hommes dont des membres des ADF ont ainsi pu s’évader de la prison qui avait déjà été vidée de ses détenus, à la suite d’une première attaque revendiquée par l’EI en 2017.
Il faut considérer le contexte conflictuel dans lequel est plongé le pays, pour bien saisir les enjeux de cet évènement. Depuis plusieurs décennies déjà, la République démocratique du Congo est le théâtre d’affrontements entre les différentes composantes de la société civile. Des groupes armés organisés en milices « sèment le chaos au Congo », proposant leurs services aux populations locales, mais entretenant des liens plus ou moins étroits avec l’EI, comme les milices maï maï dont plusieurs membres, enfermés à Béni, ont aussi pu s’échapper le 20 octobre dernier. Des suspicions de collusion et de complicité pèsent aussi sur les soldats de l’armée congolaise.
La communauté internationale condamne la présence de ces groupes armés sur l’ensemble du territoire et surtout leur rapprochement avec l’organisation État islamique. Les États-Unis ont déclaré être prêts à se réinvestir dans une coopération avec les autorités de la RDC dans le cadre de la « lutte contre le terrorisme ».
D’autre part, l’EI a revendiqué deux attentats en Tanzanie à proximité de la frontière avec le Mozambique cette semaine, ce qui met en lumière sa volonté expansionniste et sa progression dans la région de l’Afrique centrale et de l’Est.
Sources : https://www.lemonde.fr/afrique/article/2020/10/21/l-organisation-etat-islamique-revendique-l-attaque-d-une-prison-en-rdc_6056817_3212.html / https://theconversation.com/une-centaine-de-groupes-armes-seme-le-chaos-au-congo-130100
Des manifestations pacifiques réprimées dans le sang à Lagos
Depuis plusieurs semaines ont lieu des manifestations pacifiques dans les grandes villes du Nigeria pour contester le gouvernement actuel mené par le président Muhammad Buhari, accusé de « mauvaise gouvernance », et les violences policières. À Lagos, ville peuplée de plus de 20 millions d’habitants et capitale économique du pays, ces manifestations ont été réprimées dans le sang après qu’un couvre-feu total a été décidé par les autorités.
Le péage de Lekki était jusqu’alors l’épicentre des revendications pacifiques, son blocage avait participé à la mise à l’arrêt de la ville depuis plusieurs jours. Plusieurs milliers de personnes s’y trouvaient mardi 20 octobre à 19 heures (heure locale). Lorsque la nuit est tombée, que les éclairages publics se sont éteints, selon les dires d’un manifestants, le feu a été ouvert sur les manifestants par l’armée nigériane. Les tirs ont fait dix morts parmi les manifestants selon l’ONG Amnesty International. Au cours de la même soirée, dans le quartier d’Alausa au centre de Lagos, l’armée nigériane a aussi tiré sur d’autres manifestants, faisant par là deux morts supplémentaires. Ces deux évènements portent à trente le nombre de personnes décédées lors de ces marches majoritairement pacifiques au Nigéria.
L’ONU et l’Union européenne condamnent largement la répression violente de ces mouvements populaires. Le Royaume-Uni a lui aussi souligner la nécessité de « mettre fin à la violence » dans le cadre de ces manifestations.
Incident diplomatique entre représentants chinois et taiwanais
Le 19 octobre dernier, de violents échanges ont eu lieu entre les deux chancelleries, chinoise et taiwanaise, dans un contexte de montée des tensions entre Taïpei et Pékin. Ces échanges font échos à l’incident diplomatique du 8 octobre 2020 ; ce jour-là une bagarre entre diplomates taïwanais et chinois, lors d’une réception aux Fidji a eu lieu, dans un hôtel luxueux de la capitale fidjienne Suva. Les représentants du commerce de Taïwan avaient organisé une soirée avec une centaine d’invités à l’occasion de la fête nationale taïwanaise, ce qui n’a pas empêché deux diplomates de la République populaire de Chine, qui n’étaient pas invités, de venir. La fête va rapidement dégénérer en empoignade.
C’est lundi 19 octobre que les deux ministères chinois et taiwanais échangent de virulents communiqués, dans lesquels le ministère taïwanais des affaires étrangères indique que deux diplomates chinois de Pékin, non conviés à la soirée, s’en sont pris à un fonctionnaire taïwanais qui voulait les empêcher de prendre des photos des invités. C’est ainsi que blessé à la tête, il a dû se rendre à l’hôpital pour se faire soigner.
« Nous condamnons fermement ces agissements du personnel de l’ambassade de Chine aux Fidji (NDLR qui a des relations diplomatiques officielles avec Pékin) » a déclaré Taïpei.
Source : https://www.lemonde.fr/international/article/2020/10/20/aux-iles-fidji-diplomates-chinois-et-fonctionnaires-taiwanais-en-viennent-aux-mains_6056700_3210.html + https://www.la-croix.com/Monde/Fidji-empoignade-entre-diplomates-Chine-Taiwan-2020-10-20-1201120380
La France se dote de missiles de croisière navals
Désormais dotée de missiles de croisières, permettant de neutraliser depuis un point en mer à distance des zones à risques, la France a réussi avec succès son tir d’essai de missile de croisière naval, au large de Biscarrosse dans le Sud-Ouest. Florence Parly a relayé l’évènement sur Twitter « Le Suffren vient de réussir un tir d’essai de missile de croisière naval (MdCN). Une véritable rupture stratégique. Fière de nos marins, de la DGA et de notre industrie.».
Détruire des infrastructures lourdes à longue distance est la principale mission de ces missiles. Le MdCN est principalement destiné à frapper des cibles situées dans les profondeurs marines : comme des radars par exemple. Placé à bord du Suffren, le premier sous-marin nucléaire d’attaque français, La mission du SNA est de plusieurs natures à protéger porte-avions et sous-marins lanceurs d’engins (SNLE) porteurs de missiles nucléaires, à traquer les sous-marins ennemis et à recueillir du renseignement.
Pour la France ce n’est que le début puisque le Suffren est seulement le premier exemplaire d’une série de six sous-marins nucléaires, qui arriveront en France entre 2025 et 2030.
Source : https://www.bfmtv.com/economie/la-france-reussit-son-premier-tir-de-missile-de-croisiere-depuis-un-sous-marin_AD-202010210221.html
