Le développement agricole au Kurdistan irakien, ou l’échec d’une politique post-conflit.

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Ancré en plein de cœur de la Mésopotamie, le berceau de la civilisation, le Kurdistan irakien est une terre d’Histoire. Dans cette vaste région aride, aux terres peu fertiles, naissent pourtant les premières cités, les premières inventions et les premières techniques agricoles comme l’irrigation ou encore la roue. C’est justement pour affronter ce milieu hostile, que les hommes ont fait preuve d’inventivité et d’innovation.

Cette région étranglée par deux longs fleuves, l’Euphrate et le Tigre, est devenue au fil des siècles un véritable croissant fertile. Pourtant, aujourd’hui, ce territoire est plus connu pour son « or noir » que pour son agriculture, pour ses conflits que pour ses fruits, pour son instabilité que pour ses semences.
Le Kurdistan irakien, qui a gagné son autonomie vis-à-vis de Bagdad en 1991, était le symbole de cette agriculture prospère, riche, forte de ses nombreuses terres arables et de ses semences qui ont traversé les âges. Et pourtant en 2020, la situation idyllique et prospère de l’agriculture mésopotamienne semble loin derrière.

Actuellement, le Kurdistan irakien est totalement dépendant de puissances étrangères, en particulier des États-Unis, pour subvenir aux besoins de sa population de 8,35 millions d’habitants. Comment en est-on arrivé là ? Comment ce croissant fertile est devenu un croissant stérile ? Cette question sera le fil conducteur de cet article.
Nous nous attacherons à comprendre ce qu’est devenu cet héritage antique par une analyse historique et géopolitique de la région : pour cela, il s’agira d’éclairer les ressorts et les fondements du développement agricole au Kurdistan irakien. Se posera également la question de savoir comment, dans certains cas, le développement international d’après-guerre peut s’avérer inutile, voire contre-productif. Nous nous arrêterons tout d’abord sur l’histoire de ce territoire, dans la perspective de saisir les tenants et aboutissants des enjeux actuels. Il nous importera ensuite d’analyser la mise en place du développement agricole post-conflit(s) et de comprendre dans quelle mesure cela a été un échec. Les solutions et les perspectives éventuellement envisagées seront abordées en dernière partie.


Une petite histoire du Kurdistan irakien : l’irrémédiable chute du développement agricole

Le peuple Kurde est un « peuple des montagnes » maîtrisant depuis longtemps l’art de l’agriculture : irrigation, semences, techniques agricoles, les Kurdes ont un savoir-faire indéniable. L’agriculture et l’alimentation sont souvent les premiers piliers de l’autonomie voire de l’indépendance d’un peuple. Le peuple kurde n’a cependant jamais connu de réelle indépendance. Ce sont dont 40 millions de personnes qui vivent sans véritable pays. Les siècles passent mais se ressemblent.

L’empire d’Akkad, premier empire connu, est dominé ensuite par les Assyriens, les Perses, les Gréco-Macédoniens d’Alexandre le Grand, les Romains, les Byzantins, les Arabes, les Mongols, les Ottomans ou encore par les puissances coloniales. Ce peuple n’a jamais délaissé ses terres et a toujours su les mettre en valeur. En 1920, un espoir naît, lorsque le traité de Sèvres fait apparaitre un pays sur la carte du monde : le Kurdistan. Cette espoir essentiel sera pourtant vite balayé dès 1923, par Mustafa Kemal et les Occidentaux, à l’occasion du traité de Lausanne. Kemal refuse de voir la minorité acquérir un pays, et se voir lui perdre l’Anatolie ; les Britanniques quant à eux pensent justement que l’agriculture kurde est nécessaire à la stabilité de leur mandat irakien. Dès lors, le peuple kurde sera contraint de vivre écartelé entre quatre pays au gré des décisions politiques : dispersé entre l’Irak, la Syrie, l’Iran et la Turquie.

C’est la première entité kurde, celle d’Irak, qui nous intéresse ici. Malgré le fait qu’ils n’aient pas de pays, les Kurdes d’Irak n’ont jamais cessé d’exploiter leurs terres, de les rendre fertiles et productives tout au long du début du XXème siècle. Cela est notamment visible avec le barrage du lac Dukan (Cf : la photo de référence de l’article), construit entre 1954 et 1959 afin de pouvoir en partie irriguer les terres agricoles. Mais l’arrivée du régime baasiste en 1968 à Bagdad a changé la donne en générant un véritable bouleversement.

Le développement agricole de la région, pourtant à la pointe des dernières technologies et particulièrement efficace, a connu un coup d’arrêt net, lui qui avait déjà connu une détérioration avec les deux réformes agraires irakiennes des années 1960. Mais la Révolution baasiste de 1968 qui porte au pouvoir le général Ahmed Hassan Al-Bakr, marque la fin de la prospérité agricole de la région, autrement dit la fin de son développement économique.

Le régime baasiste mène une politique violente envers la minorité kurde et tente d’arabiser la région. Pour dominer ce territoire quasiment autonome, Al-Bakr et en particulier son successeur de 1979 Saddam Hussein, s’attaquent à l’agriculture du Kurdistan irakien. Ainsi, en 1975, une nouvelle réforme agraire viendra déstructurer l’ensemble du tissu agricole. Saddam imposera ensuite une collectivisation des terres, des semences, des graines et la fin de la propriété terrienne. Saddam centralise à Bagdad toute l’économie agricole du pays dont celle de la région kurde. Grâce à cela, il contrôlera aisément l’autonomie alimentaire du peuple kurde. L’État irakien possède ainsi 99 % des terres agricoles du pays.

Avant 1975, le Kurdistan irakien constituait le « grenier à blé » du pays, soit 45 % de la production agricole de l’Irak. Cette année-là marque un véritable tournant dans son développement agricole. Certaines terres deviennent des zones tampons avec l’Iran et les paysans sont obligés pour la première fois de quitter leurs cultures.

La politique menée par Saddam à l’encontre de la minorité kurde se renforce durement dans les années 1980. Le dictateur mène une lutte impitoyable. Il met en place la politique dite de « la terre brûlée » : les récoltes, les bétails, les semences et toutes les ressources agricoles sont automatiquement détruites par le régime baasiste.

Cette violence atteint son paroxysme avec l’opération Anfal en 1988 durant laquelle l’armée irakienne bombarde et détruit des villages kurdes. Certaines opérations militaires comme celle sur le village d’Hajalaba le 16 mars 1988, usent d’armes chimiques et de gaz. Chris Kutshera estime le bilan de ce crime de guerre à 180 000 morts, 4 500 villages détruits et 1,5 millions de villageois déplacés. Par ailleurs, la guerre Iran-Irak engendre aussi de nombreux déplacements et un exode rural conséquent aux frontières de ces deux pays.

L’issue est donc terrible pour ce territoire jadis terre de culture et de vergers, devenu terre de feu et de sang.

En moins de 15 ans, le régime baasiste a détruit tout un tissu agricole existant depuis des millénaires. Le nombre d’hectares réservé aux aliments de base (blé, orges, lentilles, pois chiches) de la gastronomie kurde s’écroula de 36% entre 1980 et 1990.


Les aides internationales post-conflits : l’inévitable recul du développement agricole kurde

En 1991, l’Irak de Saddam envahit le Koweït. Débute alors l’opération internationale menée majoritairement par les États-Unis, nommée « Tempête du désert ». À la suite de celle-ci, le Conseil de Sécurité de l’ONU, poussé encore une fois en grande partie par les États-Unis, décrète que la région du Kurdistan irakien devienne autonome. On pouvait alors s’attendre à ce que le développement agricole du territoire reprenne son envol, et redevienne prospère. On pouvait s’attendre aussi à ce que l’aide internationale favorise la prospérité des cultures, des cheptels et des vergers. Il était aisé de penser que le Kurdistan irakien venant tout juste d’acquérir une certaine autonomie, puisse prendre la pleine mesure de sa nouvelle identité. Or cela n’a pas été le cas.

Premièrement, de 1992 à 1994, le Kurdistan irakien s’est entre-déchiré entre les deux partis principaux : l’un pro Massoud Barzani, l’autre pro Jalal Talabani. Une guerre civile débute, et qui selon Hamit Bozarslan aura fait 4 000 à 5 000 victimes. Malgré ces conditions de reprise prospère difficiles, l’agriculture kurde a pu renaître peu à peu à de ses cendres grâce à l’aide internationale. Selon Gareth Stansfield, durant cette période qui s’étale de 1991 à 1995, 2 800 villages ont été reconstruits avec l’aide d’ONG, le système d’eau et de santé a été amélioré et de nombreux paysans ont pu retrouver leurs maisons et leurs terres. Toujours selon l’universitaire anglais, la culture de tomates a augmenté de 58 % sur cette période. On peut imaginer que si ce chiffre augmente pour les tomates, il en va de même pour d’autres denrées. On constatera donc que malgré une guerre civile meurtrière, le territoire kurde retrouve de son essence paysanne après avoir été libéré du joug de Saddam.


Le développement agricole connaît une pente ascendante pendant les cinq ans post-conflit Irak-Koweït.
Il convient tout de même de replacer les données dans leur contexte. Malgré un développement agricole certain durant la période post-conflit, des chercheurs tels que Stansfield ou Graham-Brown montrent qu’un demi-million de kurdes étaient sous-alimentés sur la période, et que la mortalité infantile était de 90 enfants pour mille. Il est aussi à noter que sur la période les Kurdes font face à un double embargo : celui imposé à l’ONU sur l’Irak et celui que l’Irak leur impose. Les États-Unis interviennent et tenteront d’aider à leur manière cette population. Il est constaté alors une corrélation effective entre l’aide internationale et la chute de l’économie agricole du Kurdistan.

L’autonomie agricole kurde s’écroule en 1995, date clé pour comprendre pourquoi le Kurdistan irakien devient dépendant alimentairement. En 1995 est lancé le programme « Pétrole contre nourriture » organisé par le PAM (Programme d’aide alimentaire). Il entre en vigueur en 1996. Il a pour finalité, comme son nom l’indique, d’instaurer un troc entre le pétrole irakien-kurde contre de l’aide alimentaire gratuite pour la population. Ce programme marque le début de la fin du développement agricole de la région kurde d’Irak. Cette « aide est fatale » pour reprendre une expression de l’économiste Dambisa Moyo. En effet, ce programme modifie totalement le marché agricole kurde. Ainsi, la population peut à partir de 1996 trouver aisément de la farine gratuite. Or, face à cela le paysan kurde qui produit sa propre farine avec son propre blé ne peut être compétitif. Le paysan qui avait fui la guerre et qui retrouve ses terres, se voit contraint de les quitter de nouveau par manque de profits. L’aide alimentaire gratuite est une concurrence déloyale qui pousse à l’exode rural et à la destruction d’un tissu agricole déjà très amoché par les destructions de guerre. Par ailleurs, l’aide internationale n’a pas fourni que de l’alimentaire gratuite.

La FAO (Food & Agriculture Organisation) ou encore l’USAID (l’organisation des États-Unis qui gère l’aide au développement) sont aussi entrées dans la danse. A partir de 1995-1996, les Américains et les usines américaines comme Monsanto ont fourni massivement des OGM hybrides, des intrants, des semences aux paysans kurdes. Ces semences et intrants fournis sont souvent très polluants et ne sont pas autorisés en Europe. Cela s’est pratiqué souvent avec une certaine inégalité dans la mesure où les grands agriculteurs recevaient beaucoup plus qu’un petit paysan. Pire encore, alors même que ce territoire était doté d’un héritage agricole solide, ancien et performant -avant les destructions de Saddam- l’aide américaine devient la norme.
Ainsi, selon Kelly T. Crosby, les paysans kurdes ont été forcés d’utiliser ces nouvelles semences au risque d’être sanctionnés si tel n’était pas le cas. Dès lors, toute la richesse agricole -le Kurdistan possédant des semences qui avaient traversé les siècles- s’effondre. En 2004, l’ordre Bremer 81 durant l’occupation américaine en Irak instaure une nouvelle législation sur les semences qui amplifie la chute agricole kurde. Les semences irakiennes dont celles des Kurdes doivent s’inscrire dans un catalogue dont les critères sont définis par les « puissances du Nord ». Si une semence échoue aux « tests », elle est refusée et interdite. Cela renforce une nouvelle fois l’arrivée de semences OGM américaines au détriment des semences mésopotamiennes. Le marché du blé irakien est alors totalement administré par la FAO et les industries d’OGM.
Selon Bénédicte Bonzi, le bilan de cette aide, si on peut toujours l’appeler ainsi, est simple « en introduisant un système libéral, le « vivant » est devenu un « objet » alors qu’il s’agissait d’un patrimoine ». La chercheuse explique que c’est une forme de « déguisement de la redistribution de la rente pétrolière » car ce sont souvent les familles enrichies par le pétrole qui possèdent les monocultures intensives de blé. Cette aide internationale a eu donc deux effets néfastes pour le développement agricole kurde. À la fois, elle a inversé la tendance ; de nouveau les paysans ont abandonné leurs terres par manque de profits et elle a soumis les quelques paysans qui restaient à des grandes firmes américaines pourvoyeuses d’OGM.

Le tissu agricole ancien, composé de petits paysans, système qui avait fonctionné pendant des millénaires, a disparu en quelques années, substitué par une agriculture libérale, intensive et polluante. On peut en plus s’interroger sur l’efficacité de l’aide américaine et son réel impact sur l’alimentation de la population. S’il y a une baisse de la mortalité infantile, celle-ci n’est pas flagrante et semble être le fruit de la fin des combats plus que de l’intervention humanitaire, comme le mentionne Graham-Brown ; elle passe de 90 ‰ en 1994 à 72 ‰ en 1999. Par ailleurs, en 2007, selon Yann Walliser, 600 000 habitants de la région souffrent encore du manque d’accès à la nourriture et à des aliments de qualité. L’aide alimentaire et les dons de semences internationaux -qui ne sont pas vraiment des dons- ont donc détruit tout un héritage agricole, ils ont aussi renforcé l’exode rural et créé une dépendance accrue aux instances internationales agricoles ainsi qu’aux mastodontes agro-alimentaires américains. Alors que le développement agricole retrouvait une courbe croissante entre 1990 et 1995, le programme international inverse inlassablement celle-ci.


Des semences sauvées par Monsanto ?

La législation imposée par les Américains sur les intrants durant l’occupation de l’Irak après 2003 a éradiqué tout le patrimoine agricole irakien. Ainsi, de nombreuses semences souvent très anciennes remontant à l’époque mésopotamienne ont disparu. Certaines, heureusement, ont pu être sauvegardées dans la Réserve mondiale de semences du Svalbard en Norvège. Elles y sont stockées et conservées. Cette banque est aussi le moyen de créer, d’hybrider de nouvelles semences. Elle a aussi pour objectif de replanter certaines semences. Parmi les milliers de semences irakiennes anciennes, Bénédicte Bonzi en a compté seulement six de replantées sur le territoire. Ironie de l’histoire, cette Banque surnommée « la chambre du Jugement dernier » est financée par la Fondation Rockfeller et la Fondation Bill-et-Melinda-Gates dont les accointances avec Monsanto ne sont plus à prouver. Or, Monsanto est l’acteur majeur de la disparition des semences millénaires kurdes. Un magnat de l’agroalimentaire qui détruit des semences tout en essayant de les préverser donc. La situation apparaît pour le moins absurde.


Quel avenir pour le développement agricole kurde ?

Si les États-Unis sont les grands acteurs de l’autonomie du Kurdistan irakien en 1991, ils sont aussi les principaux protagonistes de la dépendance alimentaire du territoire qui s’en est suivie. Aujourd’hui, le secteur agricole ne se relève pas. Ainsi, en termes de chiffres, Yann Wallister nous donne celui-ci ; 58 % des fruits et légumes sur les marchés des villes proviennent de l’étranger. Pourtant, le Kurdistan est une terre propice aux vergers et autres cultures grâce à son climat tempéré méditerranéen, ses collines verdoyantes et ses cours d’eau baignés par le soleil. Or, de nos jours, une grande partie du blé est désormais importé dans cet ancien « grenier à blé » … Si l’on étend notre recherche sur l’agriculture en Irak il est à noter que ce territoire possède 48 % des terres cultivées irakiennes sur 9 % du territoire du pays. Cependant, ce ne sont que 8 % de la population qui exploite ces terres.
Le Kurdistan, est la pièce centrale du système agraire de l’Irak, or cette même pièce centrale n’est elle-même pas auto-suffisante… C’est pourquoi dans le domaine politique, l’agriculture, ces dernières années, a pris une place prépondérante dans le débat public. En 2009, le gouvernement de Barzani lance un grand programme de développement agricole, plan de dix milliards de dollars répartis sur cinq ans.
Le but est clair et simple : retrouver « l’autonomie alimentaire ». Mais cela n’a pas suffi. En 2012, seul 25 % de ce budget a été distribué et pour une grande part à des grands agriculteurs ou à des monocultures intensives alors que la grande majorité des paysans kurdes possède moins de 20 hectares. Le problème réside aussi dans le fait que l’État offre des serres ou d’autres moyens à des agriculteurs qui n’ont pas la capacité de les utiliser. Par exemple, ils n’ont pas les moyens d’irriguer leurs terres. Une serre est inutile si elle n’est pas irriguée… Ensuite, toujours selon Yann Wallister, il existe une réelle difficulté pour les agriculteurs pour obtenir l’aide fournie par la FAO ou encore par le gouvernement kurde. Ainsi, parmi les 22 agriculteurs enquêtés, un seul a pu bénéficier d’une moissonneuse-batteuse étiquetée FAO, seuls onze ont obtenu des serres de l’État kurde et bien souvent ils ont dû s’informer par eux-mêmes auprès du gouvernement des modalités de cette politique.

Le problème est donc multiple. Il y a un manque de communication qui fait que l’aide n’est pas apportée, ensuite quand elle est apportée elle l’est de façon non égalitaire ou alors elle l’est de manière inadaptée. La politique mise en place par le gouvernement qui favorise les grands exploitants ne peut pas ainsi faire revivre le tissu rural et faire revenir les paysans à leurs terres. Dès lors, l’exode rural continue sans cesse. Pour Bénédicte Bonzi, le problème n’est pas le paysan kurde qui sait exploiter la terre depuis longtemps grâce à une tradition ancestral et qui a été perpétué. Le problème réside au cœur des politiques déconnectées de la réalité paysanne, qui ont favorisé la dépendance vis-à-vis des organismes internationaux et qui ne voient que par le pétrole. Selon la chercheuse « ce plan propose des réponses techniques, à des problèmes politiques ».
Par ailleurs, l’apparition de Daesh dans les années 2010 a été un frein sans aucun doute, au développement agricole de la région. Les Kurdes irakiens ont été en première ligne pour combattre cette entité terroriste. Les soldats de l’armée kurde, les peshmergas, comptaient parmi ses rangs d’anciens paysans. Certaines villes comme Mossoul, un million d’habitants, sont tombées puis ont été reprises après d’intenses combats. Ce conflit est loin d’être terminé, en juin 2019, de nombreux silos et nombreuses cultures ont été incendiés par les djihadistes ayant retrouvé leurs tactiques militaires de guérilla pour affaiblir leurs ennemis.


Pour conclure, le développement agricole kurde a connu de nombreuses variations. Son patrimoine historique est ancien. Ce dernier a survécu aux guerres plurielles et attaques permanentes subies par le peuple kurde. Mais dans ce cas précis, les plans de développement et d’autonomie d’après-guerre, émanant de la communauté internationale ou des acteurs politiques kurdes ont érodé, détruit, un artisanat et un savoir-faire local, rural et agricole. Évidemment, ce n’est pas tant l’aide dans son fondement qui est à remettre en cause, mais plutôt sa mise en forme. Dans le cas du Kurdistan irakien, elle n’a pas permis au territoire de se relever, ni de retrouver une autonomie alimentaire suffisante. Ce qui aurait dû être une croissance agricole efficiente s’est transformée en dépendance et régression du tissu rural et agraire de la région, impactant les populations sur le long terme.

Avec l’exemple du Kurdistan irakien il ne s’agit pas évidemment de tirer des conclusions hâtives, ni d’extrapoler sur toutes les politiques d’aides internationales post-conflits. Cependant, cela invite à réfléchir sur la manière dont cette aide est apportée aux peuples.


Bibliographie/Sitographie

– Yann WALLISER, « L’agriculture du Kurdistan irakien », Études rurales, 186 | 2010, 133-148

– Bénédicte Bonzi, « Kurdistan : l’agriculture, principale victime », 14/12/2016 https://www.infogm.org/6053-kurdistan-agriculture-principale-victime

– Bénédicte Bonzi, « Au Kurdistan d’Irak, les paysans ont perdu leur autonomie semencière », 19/08/2014
https://www.infogm.org/5683-Au-Kurdistan-d-Irak-les-paysans-ont-perdu-leurautonomie-semenciere#nb6


– France Culture, « Semences dans la tourmente » avec Bénédicte Bonzi, 05/03/2016

– Le blog de Médiapart, « Spitzberg. Qui finance la banque de graines ? », 25/07/2011 https://www.mediapart.fr/journal/international/220711/spitzberg-qui-finance-labanque-de-graines?page_article=2

– Site de la banque de semences norvégiennes, https://www.nordgen.org/sgsv/

– Agence France Presse, « Dans le nord irakien, qui met le feu aux terres agricoles ? », 07/06/2019

– Louis Satabin, « Un siècle de honte, un siècle d’oubli : comment l’Occident s’amuse avec les Kurdes », Nouvelles Vagues, 07/11/2019, lhttps://nouvellesvagues.blog/2019/11/07/un-siecle-de-honte-un-siecle-doublicomment-loccident-samuse-avec-les-kurdes/

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