L’opération Overlord : 6 juin 1944

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Attribution : Chief Photographer’s Mate (CPHOM) Robert F. Sargent, U.S. Coast Guard, Public domain, via Wikimedia Commons

Ce 6 juin 2022, nous avons commémoré le 78ème anniversaire du débarquement des Alliés sur des plages normandes le 6 juin 1944, opération qui a inauguré la bataille de Normandie qui elle-même a rendu possible la libération de l’ouest de l’Europe des occupants nazis. Comment une prouesse de cette envergure a-t-elle été préparée face au Mur de l’Atlantique réputé infranchissable et la présence de soixante divisions allemandes entre les Pays-Bas et la France ? Comment s’est-elle déroulée, étape par étape ? Quels matériels et techniques a-t-on utilisées ? De quelles manières cet événement majeur est-il encore commémoré aujourd’hui et représenté ? Autant de questions auxquelles nous nous proposons de répondre dans cet article.

I. La préparation du Débarquement 

Dès le repli des troupes britanniques et françaises sur le Royaume-Uni après la bataille de Dunkerque en 1940, l’idée d’un ou de plusieurs débarquements sur des points stratégiques du continent européen se développe dans l’esprit des dirigeants alliés – britanniques, américains, australiens, canadiens, etc. Des débarquements s’effectuent en 1943 en Afrique du Nord et en Italie. Peu à peu est mis à jour le plan d’une libération de l’ouest du continent par les côtes françaises, sur deux régions importantes : la Normandie et la Provence. Bien entendu, les Allemands ne doivent pas avoir vent de la préparation de telles opérations. Par conséquent, les Alliés montent l’opération « Taciturne » au premier semestre de l’année 1944, l’une des plus grandes campagnes d’intoxication de l’Histoire : par tous les moyens, ils laissent croire aux dirigeants du Reich et à leurs alliés qu’un débarquement allié de grande ampleur aura lieu en Italie, puisque des troupes ont déjà commencé à débarquer à 50 kilomètres de Rome. En même temps, l’état-major allemand lui-même s’illusionne sur le lieu et la date d’un débarquement : le commandant militaire du Reich pour l’ouest de l’Europe – de Rotterdam à l’estuaire de la Loire – Erwin Rommel, lui-même, est convaincu que les Alliés essayeront de débarquer dans le Pas-de-Calais, donc à l’extrémité nord de la France, le 18 mai 1944, si bien qu’une fois la date passée, l’attention baisse dans l’état-major du Reich. De plus, Rommel n’a pas obtenu de Hitler le nombre voulu de divisions allemandes pour protéger le mur de l’Atlantique et en a six, beaucoup moins que prévu. A ceci, s’ajoute le fait que les différents états-majors – mer, terre, air- ne se coordonnent pas et que certains ordres risquent donc d’être contradictoires. Enfin, Rommel regagne le 5 juin l’Allemagne pour y passer quelques jours. 

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Attribution : Not stated, but the book was written by Hilary St. George Saunders, Public domain, via Wikimedia Commons

Du côté des Alliés, le débarquement en Normandie se prépare depuis plusieurs années, avec l’expérience acquise en Afrique du Nord et en Italie. Il s’agit d’une partie de la côte française bien moins défendue que la côte du Pas-de-Calais, du fait de la stratégie allemande. Depuis le Royaume-Uni, le débarquement n’aurait pas pu se faire sur la côte bretonne car c’était trop compliqué matériellement.  Un commandement de l’opération baptisée « Overlord » est organisé assez tôt, sous la direction du général américain Eisenhower et également de Montgomery. D’abord prévu le 1er mai 1944, le débarquement est reporté au 1er juin, finalement décalé au 6 juin pour cause de mauvais temps en mer. 135 000 hommes se préparent au Royaume-Uni, de tous les pays alliés – également les fameux 177 hommes du 4e commando Kieffer. Sur le plan matériel, 700 navires de guerre, 500 avions, 13 000 véhicules, 1 500 chars et 3 000 barges de débarquement, venant des États-Unis pour beaucoup, sont prévus pour ce qui va être la plus grande bataille amphibie de l’Histoire. C’est sans compter aussi sur l’efficacité des services de renseignement britanniques et le lien très précieux avec les résistants français en Normandie qui doivent préparer le terrain par des sabotages.

II. Le déroulement de l’opération Overlord

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Attribution : Operations Greenwood and Pomegranate Normandy July 1944 EN.svg: Philg88Derivative work: Hogweard, CC BY 4.0 <https://creativecommons.org/licenses/by/4.0>, via Wikimedia Commons

Dans la nuit du 5 au 6 juin, l’opération amphibie commence, entre Cherbourg et l’estuaire de l’Orne. Tout d’abord, 25 000 parachutistes atterrissent dans les terres, pour certains malheureusement dans des marais, autour des plages de Utah à l’ouest pour les Américains et de Sword à l’est pour les Britanniques. Ils ont pour mission de s’emparer de ponts et de s’emparer de batteries. Ensuite, les avions et les navires bombardent les positions du mur de l’Atlantique pour ouvrir des brèches. Enfin, les 135 000 soldats commencent à débarquer à 6h30 sous le feu nourri des Allemands pris de court. Ils se répartissent sur cinq plages, Utah Beach, Omaha Beach, Gold Beach, Juno Beach et Sword Beach, et la pointe du Hoc. Evidemment, tout ne se déroule pas comme prévu et l’opération prend de nombreuses heures. Le débarquement sur la plage de Omaha, sur le secteur américain, a bien failli se transformer en désastre : après l’élimination d’une grande partie de la première vague de soldats, la deuxième piétine sur des cadavres, des blessés et du matériel cassé. Ce n’est qu’à partir de midi que les Américains commencent à prendre le dessus sur les Allemands. Non loin de là, sur la pointe du Hoc, les soldats doivent escalader 30 mètres de falaise pour prendre d’assaut la batterie allemande et détruire les canons. Pendant ce temps-là, suite au débarquement à Utah Beach, tête de pont pour se diriger vers le port de Cherbourg, le village de Sainte-Mère-Église est pris d’assaut puis devient l’une des premières communes françaises libérées. Débarquée à Gold Beach, la 50ème division britannique libère la ville de Bayeux dès le lendemain et fait la jonction le 6 au soir avec les troupes canadiennes arrivées à Juno. Elle doit aussi installer un futur port artificiel au niveau de la commune d’Arromanches. Enfin, à Sword Beach, à l’est, les britanniques et le commando Kieffer prennent Ouistreham à revers et avancent vers les ponts de Ranville et de Bénouville pour aider les parachutistes.

C’est la supériorité numérique des combattants sous commandement allié qui a été décisive pour le débarquement. Le XXe siècle connaît avec le débarquement du 6 juin 1944 puis les opérations ultérieures un nouvel âge d’or de l’amphibie, combinant moyens aériens, terrestres et maritimes. 

Autre prouesse technique : en quelques jour, le port artificiel d’Arromanches est construit à la place de la ville du même nom, pour ravitailler la Normandie en matériel et en homme. Des centaines de camions se relaient jour et nuit pour récupérer l’approvisionnement.

Bilan de cette journée du 6 juin : 12 000 soldats sont tombés lors du débarquement en Normandie, dont 2 500 à Omaha Beach, ce qui est largement inférieur aux prévisions. Moins de 3% des effectifs débarqués ont trouvé la mort. Cependant, la ville de Caen, un des objectifs du jour J, n’a pas été prise et plusieurs divisions blindées allemandes avancent vers la côte normande. A partir de cette date et pendant cent jours, une partie du territoire français est libérée lentement, commune après commune par les Alliés : c’est la bataille de Normandie. La ville de Paris est libérée le 25 août. Entre-temps, le débarquement allié en Provence, le 15 août, permet une libération de la France par le sud.

  • Pour aller plus loin : Le débarquement de Normandie et la postérité 

Chaque année, le 6 juin, des commémorations sont organisées dans les pays alliés de l’époque. On y rencontre encore des vétérans. De nombreux monuments et lieux de mémoire en Normandie rappellent cet événement et le documentent soigneusement : mémorial de Caen, musée d’Arromanches, de nombreux cimetières militaires, par exemple à Colleville. Cependant, jusqu’aux années 1980, les commémorations du 6 juin 1944 sont essentiellement militaires, avant que les civils et les dirigeants politiques ne s’y associent. Aujourd’hui, de nombreuses reconstitutions – sauts de parachutes, défilés de véhicules militaires – permettent de garder une mémoire vivante du débarquement.

Des Films, pour certains très réalistes, ont marqué le souvenir du jour J : Il faut sauver le soldat Ryan, Steven Spielberg, 1998 ;  Le jour le plus long, Ken Annakin, 1962, d’après le livre homonyme de Cornelius Ryan.

Sources : 

Olivier Wieviorka, Histoire du débarquement de Normandie. Des origines à la libération de Paris, Éditions du Seuil, 2007

https://ehne.fr/fr/encyclopedie/th%C3%A9matiques/guerres-traces-m%C3%A9moires/fronts-de-guerre/de-la-mer-vers-la-terre

Émission « Au cœur de l’Histoire – Le débarquement » animée par Franck Ferrand sur Europe 1, 06/06/2012, consultée le 06/06/2022 : https://www.youtube.com/watch?v=hpvSQx-P2AI

Pour une synthèse simple et efficace l’opération Overlord et la suite de la bataille de Normandie : Magazine Histoire Junior, n°20 – juin 2013, p. 20-21.

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