CE JOUR DANS L’HISTOIRE : La ratification des accords de Paris d’octobre 1954, la RFA devient membre de l’OTAN, le 9 mai 1955

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Dix ans après la fin de la Seconde Guerre Mondiale et alors que l’Allemagne est divisée entre deux États, la République fédérale d’Allemagne (Bundesrepublik Deutschland), partie occidentale du pays, rejoint ses alliés de l’Ouest et devient membre de l’OTAN.


Contexte politique

Dès la fin de la guerre, l’Allemagne devient rapidement un terrain d’affrontement géopolitique entre d’une part le bloc occidental constitué des États-Unis, du Royaume-Uni et de la France, et d’autre part le bloc oriental. Les deux blocs, qui se partagent le pays en zones d’occupation, plaident pourtant en faveur d’une Allemagne unifiée. Progressivement, les zones sous mandat occidental se constituent en entité politique unique de laquelle naît en mai 1949 la République fédérale d’Allemagne. Le bloc soviétique réplique alors en octobre 1949 et transforme sa zone d’occupation en République démocratique d’Allemagne (Deutsche Demokratische Republik). La RFA, bien qu’autonome politique, ne dispose toutefois pas de la légitimité nécessaire pour disposer d’une armée, en accord avec la Conférence de Potsdam de juillet 1945 pour désarmer et démilitariser l’Allemagne.

Élu chancelier fédéral en septembre 1949, Konrad Adenauer, tenant compte du traumatisme de sa population, se déclare contre un réarmement de son pays. Cependant sous la pression des États-Unis et du Royaume-Uni qui souhaitent étendre la ligne de défense atlantique jusqu’à l’Elbe et non le Rhin, il réoriente rapidement sa politique extérieure vers ses alliés occidentaux. Cette politique permit de convaincre les Britanniques et les Américains qui se montrent dès 1950 favorables à un réarmement de l’Allemagne de l’Ouest. Les Français s’opposent en revanche très fermement à cette proposition, les communistes dénonçant une résurgence du nazisme et les gaullistes refusant l’idée d’une nouvelle armée allemande sous influence américaine. Cependant, la lenteur du réarmement français inquiète l’état-major américain qui souhaite utiliser le potentiel allemand. Les français sont isolés dans leur position, si bien que les dirigeants américains soulignent en novembre 1951 « le caractère inévitable de l’entrée de la RFA dans l’OTAN » (2)

En France, les centristes appellent alors à la création d’une Communauté européenne de défense à 6 qui serait une entité supranationale [pour plus d’informations sur l’Europe de la défense et la CED, voir notre article]. Son rejet le 20 août 1964 donnera lieu deux mois plus tard à la signature des accords de Paris le 23 octobre. En comparaison avec la CED, le ralliement de l’Allemagne de l’Ouest à l’OTAN ainsi que sa remilitarisation parurent plutôt acceptables aux français, qui l’acceptèrent finalement.

Après de moultes négociations, le Parlement français ratifia le traité le 30 décembre 1954. Il entrera en vigueur le 9 mai 1955 après que tous les États membres l’eurent ratifié. Quatre jours avant, les forces états-unienne, britannique et française mettaient fin à leur occupation militaire en Allemagne.


Rapide vue d’ensemble du traité

Le Traité allemand des accords de Paris règle différents points relatifs à l’avenir de l’Allemagne en tant que puissance européenne. La République fédérale d’Allemagne regagne une pleine souveraineté sur ses affaires intérieures et extérieures, l’autorisant de fait à reconstituer une armée. La RFA peut alors rejoindre l’OTAN.

Parallèlement à ces dispositions relatives à l’Allemagne, les Accords de Paris réactivent l’idée d’une défense collective européenne évoqué par le traité de Bruxelles du 17 mars 1948 signé par la France, le Royaume-Uni et le Benelux. Une Union de l’Europe occidentale (UEO) est créée entre ces pays et la RFA afin de contrer la pénétration soviétique en Europe orientale, bien qu’elle ne fût jamais vraiment effective en raison de la présence de l’Alliance atlantique. En revanche, l’UEO, par le biais des accords, permit de régler le problème de la Sarre entre la France et l’Allemagne de l’Ouest, territoire allemand sous domination française que les alliés voulaient doter d’un statut européen et qui reviendra finalement à la RFA à la suite d’un référendum.

Bien qu’ayant retrouvé sa souveraineté, l’Allemagne devait placer son réarmement sous le contrôle de l’UEO. La République fédérale dut déclarer renoncer à toute restauration forcée de l’unité allemande et à la construction d’armes atomiques, biologiques et chimiques. En outre, la Bundeswehr (armée fédérale) nouvellement formée ne pouvait comprendre plus de 500 000 soldats, lesquels seraient intégrés au commandement de l’OTAN.


Conséquences géopolitiques

Si les deux blocs plaidaient en faveur d’une Allemagne unifiée, l’unification devait se faire selon les préférences de chacun. Ainsi avec l’intégration à l’OTAN de la RFA, tout espoir d’une réunification allemande disparut.

En réaction à ce ralliement, le bloc soviétique se réunit du 11 au 14 mai à Varsovie en Pologne. Il résultera de ce sommet le Pacte de Varsovie, traité de défense mettant en commun les forces armées des États membres du pacte, c’est-à-dire de l’Albanie, de l’Allemagne de l’Est, de la Bulgarie, de la Hongrie, de la Pologne, de la Roumanie et de la Tchécoslovaquie et de l’URSS, le tout étant largement dominé par les soviétiques.

Sources

  1. http://www.bpb.de/politik/hintergrund-aktuell/206006/60-jahre-nato-mitgliedschaft?type=galerie&show=image&k=0
  2. Dépêche de Bonnet, 29 janvier 1952, MAE, Allemagne, Vol. 253
  3. https://sites.google.com/site/coldwaranalysis/exampleage1/warsaw-pact-brinkmanship

http://www.jstor.org/stable/25730707?seq=8#page_scan_tab_contents

http://fresques.ina.fr/jalons/fiche-media/InaEdu05124/l-allemagne-federale-devient-membre-de-l-otan.html

http://www.bpb.de/politik/hintergrund-aktuell/206006/60-jahre-nato-mitgliedschaft

https://www.swr.de/swr2/wissen/archivradio/echtzeit-1955/-/id=2847740/did=5071974/nid=2847740/12mdf8h/index.html

https://de.wikipedia.org/wiki/Pariser_Verträge

https://www.nato.int/docu/review/2005/Peace-Building/Germany-accession-NATO/EN/index.htm

https://www.history.com/this-day-in-history/west-germany-joins-nato

Plus sur les relations de la France avec l’OTAN : https://internationalsecuritydefense.wordpress.com/2018/03/07/ce-jour-dans-lhistoire-la-france-se-retire-du-commandement-integre-de-lotan-le-7-mars-1966/

Un article de Louise Le Gatt

Louise Le Gatt

Louise Le Gatt est la rédactrice en chef du blog de l’Antenne International Security and Defense pour l’année 2018-2019. Étudiante en Master Droit international à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne et diplômée de licences de droit et d’économie, elle est passionnée par les relations internationales, d’histoire et d’économie. C’est donc tout naturellement qu’elle fait partie de l’équipe de Sorbonne ONU dédiée aux problématiques des conflits armés et des processus de paix, afin d’apporter son regard à la fois économique et juridique, toujours pragmatique, sur ces thèmes complexes.
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