Ce Jour dans l’Histoire – 23 Février 1991, Lancement de la phase finale de « Tempête du désert », l’opération d’évacuation du Koweït

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Le 23 février 1991, le président George Bush lance la phase finale de «Tempête du Désert» : les forces terrestres coalisées entrent en opération pour la première fois depuis le commencement de la guerre du Golfe.

L’intervention d’évacuation aboutit au débarquement de 500 000 hommes en Arabie Saoudite, à des bombardements massifs sur les infrastructures irakiennes et au déclenchement de l’opération « Tempête du Désert » le 17 janvier 1991. Cette campagne éclair de janvier à février, fait déverser sur l’Irak en 42 jours, 85 000 tonnes de bombes, soit plus de sept fois la puissance d’Hiroshima. La nuit de 23 au 24 février 1991 marque la mobilisation des soldats au sol pour la première fois depuis le début du conflit. Cette coalition réunissant 605 000 hommes issus de 25 pays menée par les États-Unis sous les commandements du général américain Norman Schwarzkopf et de l’état-major Colin Powell ne trouve face à elle aucune résistance, l’armée irakienne n’était pas suffisamment entrainée et ne faisant pas le poids face à la puissance des armes américaines. Lors de cette opération, les États-Unis utilisent pour la première fois une nouvelle arme : des obus contenant de l’uranium appauvri (uranium 238). Les victimes irakiennes se chiffrent entre 130 000 et 200 000 morts, dont une moitié de civils. Les télécommunications ainsi que l’approvisionnement en eau comme en électricité et la chaîne alimentaire sont détruits. L’opération permet l’évacuation de l’armée irakienne du Koweit le 27 février 1991. Les soldats vainqueurs investissent Koweit-City puis l’Irak. Le président Bush annonce le même jour la victoire sur l’Irak alors que Saddam Hussein clame que sa défaite était une victoire historique, la « mère de toutes les batailles ».

Les origines de la guerre du Golfe

Les origines du conflit remontent au sortir de la guerre Iran-Irak de 1980 à 1988. Les conséquences sur l’économie irakienne de cette guerre sont dramatiques. Saddam Hussein endette l’Irak pendant la guerre Iran-Irak pour acheter des armes, hypothéquant l’avenir du pays pour deux générations. Les infrastructures sont détruites. Cette crise économique enferme l’Irak dans un cercle vicieux : lourde dette étrangère, inflation, chômage et prix du pétrole en chute libre. L’invasion du Koweit par l’Irak avait pour objectif d’éviter d’une part la banqueroute financière du pays et d’autre part la mise sous tutelle des banques étrangères; il s’agissait donc d’un moyen de résoudre la crise endémique de l’économie de l’Irak.

La dette irakienne s’élevant à 35 milliards de dollars et le prix du pétrole au plus bas, l’Arabie Saoudite comme le Koweit ne souhaitaient pas l’effacer. Le Koweit, un État très riche grâce à ses ressources en hydrocarbures, inonde à partir de 1989 le marché pétrolier, dépassant de 20% le quota fixé par l’OLEP. Il prend peu à peu la place de l’Irak sur le marché pétrolier mondial en raison de la destruction des infrastructures pétrolières irakiennes lors du conflit Iran-Irak et l’arrêt des pompages pétroliers excessifs situés à cheval sur la frontière irako-koweitienne. S’ajoutant au refus d’une remise de dettes et cette politique pétrolière menée par le Koweit, vu par Bagdad comme une déclaration de guerre, le Koweit refuse une correction de frontières qui renforçaient sa position militaire face à l’Iran. Saddam Hussein en garde une rancune assez vive. Il justifie également l’invasion du pays sur le rattachement territorial du Koweït à l’Irak avant que les Britanniques décident de ne pas le rattacher au Royaume d’Irak en 1932 lors de son indépendance.

Une guerre alliant légitimité internationale et supériorité des armes occidentales

Le 2 août 1990 marque l’invasion du Koweit par 100 000 hommes de l’Irak de Saddam Hussein. À partir du 6 août, l’Irak est soumis à un embargo total de la communauté internationale décrété par la résolution 661 de l’ONU puis renforcé par la résolution 670 du 25 septembre 1990 qui étend cet embargo au trafic aérien. Le 29 novembre 1990, la résolution 678 du Conseil de sécurité autorise le recours à la force contre l’Irak et rend légitime l’intervention d’une coalition menée par l’armée américaine et de troupes alliées réunissant la France, le Royaume-Uni, le Canada, les Pays-Bas ainsi que des États du Moyen-Orient dont l’Arabie Saoudite, la Turquie, l’Égypte et la Syrie, totalisant en tout 25 États. Le président américain George Bush lance un ultimatum à l’Irak pour quitter le Koweit avec pour date butoir le 15 janvier 1991, refusant donc un règlement de la crise par voie diplomatique. Le 15 février 1991, le président Bush appelle les Irakiens à se soulever. L’Opération Tempête du Désert s’achève officiellement le 28 février au terme de violents combats qui laissent une marque indélébile chez les soldats ainsi que sur le sort du pays.  Le 15 mars 1991, l’émir du Koweït, Jaber al-Ahmad al-Sabah, retourne au pays  après un  exil de huit mois.

Le but de la guerre résidant dans la libération du Koweit et non pas dans le renversement du régime de Saddam Hussein, les soulèvements chiites sont réprimés dans le sang en mars 1991 sans intervention occidentale. Le régime irakien survit à cette défaite mais le Moyen-Orient sort fragilisé de cette guerre. La résolution 687 du 5 avril 1991 met fin définitivement à la guerre du Golfe et place l’Irak sous la tutelle des Nations Unies, l’obligeant à collaborer à la destruction de tout son potentiel d’armes de destruction massive. L’invasion du Koweit fut fatale à l’économie irakienne : le gel des avoirs irakiens par l’ONU et l’embargo commercial et pétrolier qui ont suivi coupent l’Irak du reste du monde. L’Irak sort ruiné par l’ampleur des destructions et les sanctions internationales. Comme le note une mission de l’ONU envoyée en Irak en mars 1991 : « Le récent conflit a eu des conséquences quasi apocalyptiques sur ce qui avait été, jusqu’en janvier 1991, une société dotée d’un haut-degré d’éducation, de savoir-faire et rompue aux formes les plus modernes d’autonomisation. Maintenant la plupart des moyens d’une vie moderne ont été détruits ou rendus peu fiables. L’Irak a été ramené, pour une longue période à venir, à un âge préindustriel, mais avec toutes les contraintes d’une dépendance postindustrielle basée sur l’utilisation intensive de l’énergie et de la technologie. »

Tatiana Lehat

Références bibliographiques :

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