L’antenne International Security and Defense a sélectionné pour vous les informations importantes de la semaine du 16 novembre. L’article a été rédigé par Raphaelle Loyau et Inès Evrain.
L’Australie reconnaît que ses forces spéciales en Afghanistan sont à l’origine de crimes de guerre
Jeudi 19 novembre, le général Angus Campbell, chef des forces de défense australiennes, a publié un premier rapport dans lequel il reconnaît que ses troupes sont à l’origine de crimes de guerre en Afghanistan. Les militaires concernés auraient tué 39 civils, dont agriculteurs, femmes, enfants et prisonniers entre 2005 et 2016 et en dehors des combats. Ce rapport fait suite à une première série d’enquêtes, les “Afghan files”, publiées quatre ans auparavant, et qui accusaient une partie des forces spéciales australiennes d’être responsable de la mort de dizaines de civils non-armés.
Il souligne l’existence de preuves tangibles d’après une enquête interne qui témoigne de “vingt-trois incidents de meurtres illégaux présumés de 39 personnes, principalement par 25 membres des forces spéciales australiennes du Special Air Service Regiment”. À partir de 2001, l’Australie a déployé un important contingent en Afghanistan dans le cadre de la Force internationale d’assistance à la sécurité dirigée par l’OTAN.
Campbell a notamment présenté ses excuses au peuple afghan et déclaré que “ces conclusions allèguent les violations les plus graves de la conduite militaire et des valeurs professionnelles”. Le Premier ministre australien, Scott Morrison, a lui passé un coup de téléphone au président afghan Ashraf Ghani pour lui témoigner de sa “profonde tristesse face aux résultats”. Il a également annoncé la nomination d’un procureur spécial pour rendre juridique ces accusations, ce qui pourrait par la suite déboucher sur des poursuites judiciaires contre certains membres des forces armées. Selon lui, la nomination d’un procureur permettrait de réduire le risque d’une éventuelle saisine par la Cour pénale internationale (CPI), en insistant sur le fait que “nous devons gérer cela en tant qu’Australiens, selon nos propres lois, et au travers de notre propre processus judiciaire”.
Sources : https://www.aa.com.tr/fr/monde/laustralie-pr%C3%A9sente-ses-excuses-pour-les-crimes-de-guerre-commis-par-ses-soldats-en-afghanistan/2049540 et https://www.lemonde.fr/international/article/2020/11/12/afghanistan-l-australie-va-enqueter-sur-de-possibles-crimes-de-guerre-commis-par-ses-soldats_6059451_3210.html
Les États-Unis vont réduire leur effectif militaire en Irak et en Afghanistan
Près de vingt ans après les attentats du 11 septembre, les États-Unis ont annoncé cette semaine qu’ils allaient réduire leur nombre de soldats en Afghanistan et en Irak à partir de janvier 2021. Cette déclaration s’inscrit dans une promesse faite par le président américain sortant Donald Trump de mettre un terme à ces “guerres sans fin”. Depuis l’envoi des troupes américaines en Afghanistan en 2001 puis en Irak deux ans plus tard, environ 7 000 militaires sont morts et plus de 52 000 ont été blessés.
Christopher Miller, le nouveau ministre américain de la Défense par intérim, a précisé qu’environ 2 000 militaires se retireraient d’Afghanistan le 15 janvier et 500 en Irak, afin de laisser 2 500 soldats dans chacun de ces deux pays.
Si les talibans ont salué cette décision qu’ils qualifient de “bonne mesure”, elle suscite néanmoins beaucoup de crainte aux États-Unis et dans le monde quant à une résurgence des terroristes internationaux. La France a réagi en estimant que ce serait une mauvaise idée, tandis que l’Allemagne, qui a 1 300 soldats déployés, a fait part de sa préoccupation et exigé que ce retrait soit organisé au sein de l’OTAN.
C. Miller, qui s’est entretenu avec le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, puis avec le président afghan, a assuré que “nous continuons à nous tenir à ses côtés alors que son gouvernement travaille à un règlement négocié pour la paix”. Il fait référence aux pourparlers de paix actuels entre le gouvernement afghan et les talibans mis en place suite à l’accord entre les États-Unis et les insurgés pour le retrait progressif des forces américaines, et qui semblent aujourd’hui compromis par l’augmentation des violences en Afghanistan, comme l’attentat du 2 novembre contre l’université de Kaboul qui a fait 22 morts. Ainsi, si cette mesure est préoccupante pour beaucoup, elle ne remet pas en question la recherche d’un processus de paix et le “soutien militaire significatif et continu” des États-Unis, selon le porte-parole du président afghan Ashraf Ghani.
L’armée française investit dans Preligens
Le 19 novembre, le ministère des Armées a annoncé avoir investi dans la start-up Preligens, grâce à son fonds d’investissement Definvest. L’armée française soutient ainsi cette start-up du renseignement, qui avait lancé une levée de fonds de 20 millions d’euros. Deux autres fonds d’investissement (Ace Management et 360 Capital) ainsi que des investisseurs privés y ont participé.
Créée en 2016 par Arnaud Guérin et Renaud Allioux, anciennement Earthcube, l’entreprise Preligens opère dans le secteur de la défense et du renseignement. Elle est implantée en France, mais aussi à New York et Londres, et emploie au total 80 personnes. Leader européen dans son domaine, Preligens développe des solutions d’analyse de données automatique en utilisant notamment l’intelligence artificielle. Ainsi, elle peut détecter automatiquement des navires, ou repérer tout mouvement inhabituel dans une zone placée sous surveillance.
Grâce aux technologies développées par Preligens, les analystes peuvent prendre des décisions plus rapides et anticiper d’éventuelles menaces. Un temps convoitée par le fond d’investissement de la CIA, In-Q-Tel, Preligens va pouvoir mettre à profit cette levée de fonds afin de poursuivre sa « phase d’hyper croissance » selon la Direction Générale des Armées : en se développant à l’international et en mettant au point de nouvelles technologies.
Le Royaume-Uni renforce le budget de son armée
Le 20 novembre, le Premier ministre britannique a annoncé une hausse de 10 % sur quatre ans de son budget défense, soit un apport de 18,4 milliards d’euros. Il s’agit du plus gros investissement militaire britannique depuis près de trente ans. Cette augmentation extraordinaire vient s’ajouter à la hausse annuelle de 0,5 % en plus de l’inflation d’ores et déjà prévue par le gouvernement de Boris Johnson.
Alors que l’économie britannique est mise à mal par la crise sanitaire due au coronavirus, Boris Johnson use de plusieurs arguments afin de justifier cet investissement : considérant tout d’abord la défense du peuple britannique comme primordiale, il explique également que cet investissement permettra de créer environ 10 000 emplois supplémentaires par an, aidant ainsi l’économie à rebondir. Cet investissement donne également la possibilité au Royaume-Uni de rayonner davantage à l’international en termes de défense, le plaçant à la tête des plus gros budgets de défense (1er en Europe et second de l’OTAN), et inspirant confiance auprès de ses alliés.
Cependant, tandis que certains secteurs comme la construction navale, la recherche, l’espace ou la cybersécurité bénéficieront de cette hausse du budget, d’autres pourraient à l’inverse subir des réductions, victimes d’une logique de modernisation de l’armée.
Sources : https://www.defensenews.com/global/europe/2020/11/19/uk-to-boost-defense-budget-by-219-billion-heres-who-benefits-and-loses-out/ et https://www.gov.uk/government/news/pm-to-announce-largest-military-investment-in-30-years et http://www.opex360.com/2020/11/19/le-royaume-uni-va-massivement-augmenter-ses-depenses-militaires-et-donner-la-priorite-a-la-royal-navy/