Une semaine dans le monde : la semaine du 15 février 2021

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L’antenne International Security and Defense a sélectionné pour vous les informations importantes de la semaine du 8 février 2021. L’article a été rédigé par Clarisse Bruneton.

Turquie : Premières tensions entre Erdoğan et Biden suite au décès de treize civils turcs

Dimanche 14 février, treize ressortissants turcs ont été retrouvés morts en Irak. Retenus en otages depuis plusieurs années par le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), les otages auraient été exécutés lors d’une opération militaire turque dans la province de Dohouk, dans la région autonome kurde du nord de l’Irak selon le gouvernement turc. 

Même si le département d’État américain déclarait que « si les informations sur la mort de civils turcs aux mains du PKK, une organisation classée terroriste, se confirment, nous condamnons ces actions dans les termes les plus forts », une vague de froid a été jeté entre les deux administrations. L’ambassadeur américain David Satterfield a été convoqué au ministère turc des Affaires étrangères, tandis que le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken a été contraint d’apaiser la situation en tenant les « terroristes du PKK » responsables de la mort des ressortissants turcs lors d’un appel avec son homologue turc Mevlüt Çavuşoğlu.

Cette réaction traduit la méfiance d’Ankara, car si les États-Unis considèrent bien le PKK comme une organisation terroriste, ils soutiennent en parallèle depuis 2015 des milices kurdes du Parti de l’Union démocratique (PYD) qui y sont liées en Syrie pour la lutte contre l’État Islamique. 

La relation personnelle qu’entretenait Donald Trump et Recep Tayyip Erdoğan avait joué en la faveur de ce dernier sur de nombreux dossiers mais la position adoptée par Joe Biden à l’égard du président turc devrait être plus tranchée notamment au sujet des missiles russes S-400. En 2019, Ankara avait reçu la première batterie du système de défense antiaérienne russe S-400, Washington l’avait donc exclu du programme de fabrication de l’avion de combat américain F-35. Une possession que l’administration Biden considère comme incompatible avec son rôle de membre de l’OTAN. 

Ces déclarations sont intervenues juste avant le sommet de l’OTAN qui s’est tenu en visioconférence dans le cadre des premiers échanges entre les États membres et le gouvernement de Joe Biden. Les sujets de désaccords sont multiples (crise turco-grecque en Méditerranée orientale, poursuites pénales engagées par les États-Unis contre la banque turque Halkbank) et sont autant de défis auxquels devront faire face les deux administrations durant les prochaines années.

France : l’opération Barkhane continue mais ses objectifs évoluent 

Les 15 et 16 février derniers, se déroulait le sommet du G5 Sahel à N’Djamena, la capitale tchadienne, Emmanuel Macron y participait pour sa part en visioconférence. L’objectif était clair, faire le point sur la lutte antidjihadiste et sur l’engagement militaire français dans la région, un an après le sommet de Pau. 

Créé en 2014, le G5 Sahel est un cadre de coopération entre 5 pays : le Tchad, le Niger, le Burkina Faso, le Mali et la Mauritanie, accompagnés de leurs partenaires internationaux dont fait partie la France afin d’améliorer la sécurité et le développement dans cette vaste région semi-désertique. Cependant, les fonds manquent, le budget de 423 millions d’euros ne permet pas de couvrir l’ensemble des objectifs, notamment liés au développement. 

À travers l’opération Barkhane, l’armée française a engagé 4 500 soldats sur le terrain, lesquels ont été renforcé par 600 soldats suite au sommet de Pau en janvier 2020. L’heure était donc au bilan : si le ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian estampillait le sommet d’un triple « sursaut politique, diplomatique et de développement”, au Sénat le 9 février dernier et que Florence Parly, ministre des Armées françaises, confirmait que “Barkhane restera […] au Sahel”, le président français a tranché. Le retrait massif des soldats français est écarté, pour le moment l’engagement de l’armée au Sahel demeure dans les mêmes conditions mais sera recentré sur la lutte antiterroriste dans la région, avant de connaitre d’autres évolutions dans les prochains mois. 

États-Unis : Premier entretien entre Joe Biden et le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou 

Le 17 février, la première conversation téléphonique entre le président américain récemment élu, Joe Biden, et le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, a eu lieu. De nombreux thèmes ont été abordés : la gestion de la pandémie de Covid-19, les accords de paix au Moyen-Orient et l’Iran. Cet entretient était particulièrement attendu au vu de l’opposition des collaborateurs de Benyamin Nétanyahou aux efforts diplomatiques de l’administration Obama-Biden entre 2009 et 2017 et de la chaleureuse relation qu’entretenait le premier ministre israélien et l’ancien président Donald Trump. 

L’un des principaux objectifs est la normalisation des relations entre Israël et les pays du monde arabe, auxquels Joe Biden apporte le soutien des États-Unis. Si les Émirats arabes unis, suivis par Bahreïn, le Soudan et le Maroc ont annoncé la normalisation de leurs relations avec Israël, il reste un pays-clé : l’Arabie Saoudite. Sur cette voie, l’administration Biden avait annoncé son intention de « recalibrer » ses relations avec Riyad et de changer d’interlocuteur pour passer du prince héritier Mohammed Ben Salman au roi Salman. 

Le président américain s’était également engagé à revenir sur l’accord sur le nucléaire iranien datant de 2015 auquel Donald Trump avait retiré unilatéralement les États-Unis pour établir des sanctions. Cependant cela se fera à la condition que l’Iran renoue avec ses engagements, sur ce point le chef de l’armée israélienne, Aviv Kochavi n’est guère convaincu, parlant d’une « mauvaise chose ». 

Enfin, le président américain a souligné l’importance de trouver un accord entre Israël et les Palestiniens, le chef de la diplomatie Anthony Blinken avait d’ailleurs assuré qu’une « solution à deux États » était la seule viable tout en reconnaissant que les parties étaient encore loin d’une résolution finale aboutissant à la création d’un État palestinien. 

France : La Ministre des Armées Florence Parly annonce le lancement du programme SNLE de 3ème génération 

Vendredi 19 février, la ministre des Armées françaises, Florence Parly a annoncé le lancement en réalisation du programme SNLE de 3ème génération. Ce programme porte sur la réalisation de 4 sous-marin nucléaires lanceurs d’engins de 3ème génération et de leur système de soutien afin de remplacer les appareils de la classe « Le Triomphant », actuellement en service et lancés entre 1994 et 2008. À partir de 2035, ces sous-marins devraient incarner la composante océanique de la force de dissuasion nucléaire française. 

La phase de conception générale devrait durer 5 ans et permettra de définir précisément les composants principaux du bâtiment, la première tôle devant être découpée en 2023 par Naval Group. Ensuite, s’enclenchera la phase d’intégration de plus d’un million de composants, équipements et systèmes et sera suivi par le positionnement de centaines de KMS, câbles à fibre optique installés dans les submersibles. 

D’un point de vue technique, les SNLE 3G, d’une discrétion absolue, sont dotés de technologie de communication et de détection aux plus hauts standards ainsi que d’une autonomie améliorée par rapport aux navires actuels, ils ont vocation à servir jusqu’en 2090. De 12 mètres plus longs que les Triomphants (140 mètres) et plus imposants, 15 000 tonnes en plongée, ils pourront accueillir une centaine de marins et seront conçu pour emporter 16 missiles balistiques M-51. TechnicAtome a été désigné responsable de la conception, la réalisation et la mise en service des chaufferies, en partenariat avec Naval Group, responsable d’ensemble des navires. 

Le SNLE étant « l’assurance vie de la France » selon les dires du cabinet de Florence Parly, un contrat de plusieurs milliards d’euros a été passé pour la phase de conception générale, l’engagement de 5,1 milliards d’euros avait déjà été accepté l’année dernière. Le leader européen du naval militaire, Naval Group, construira un SNLE 3G tous les 5 ans, pour cela, 8 sites seront mobilisés ainsi que 200 entreprises partenaires. Naval Group précise que « plus de 15 millions d’heures de travail sont nécessaires pour concevoir le SNLE 3G et plus de 20 millions pour construire un exemplaire, soit 3 000 personnes engagées à plein temps ». 

La dissuasion est aujourd’hui considérée comme une « assurance vie » pour la France mais aussi pour de nombreux pays qui aspirent à développer une composante sous-marine ou à la renouveler. A partir de 2031, les États-Unis devront remplacer leurs 14 sous-marins de classe Ohio par 12 sous-marins de classe Columbia, la discrétion et l’indétectabilité sont aujourd’hui les maîtres-mots pour assurer la défense maritime. 

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