Comprendre la guerre en Ukraine

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En plus de trois ans, le conflit en Ukraine a déjà fait dix mille morts et vingt mille blessés et aucune solution ne semble aujourd’hui possible. Le pays est toujours profondément divisé entre pro-européens et pro-russes. La situation s’enlise et le gouvernement de Kiev refuse toujours de reconnaître les territoires séparatistes de l’Est du pays.

  • Euromaïdan : histoire de la fin d’un régime

Pour comprendre cette situation, il faut remonter quatre ans en arrière. Le 21 novembre 2013, le président ukrainien Viktor Ianoukovitch, au pouvoir depuis le 25 février 2010, décide de ne pas ratifier l’accord d’association négocié depuis 2009 avec l’Union Européenne. Il se rapproche alors de la Russie dans une Union Douanière en échange de 15 milliards de dollars et de 30% sur le prix du gaz, ce qui représente une aide considérable dans un moment où l’Ukraine traverse de graves difficultés économiques.

Des manifestants se rassemblent contre cette décision dès le lendemain sur la place Maïdan, rebaptisée « Euromaïdan ». Ils sont majoritairement pro-européens et s’opposent à ce rapprochement avec la Russie qu’ils voient d’un mauvais œil. Les manifestations s’intensifient et deux principaux opposants, Petro Porochenko et Vitali Klitchko s’expriment place Maïdan pour dénoncer les dérives du pouvoir.

Les manifestations s’opposent de plus en plus à la gouvernance de Viktor Ianoukovitch qu’ils estiment oligarchique et rongée par la corruption. Face à la montée de la violence des manifestations, le premier ministre Mikola Azarov présente sa démission le 28 janvier 2014.  Trois semaines plus tard, le 22 février, Viktor Ianoukovitch fuit le pays et le parlement vote des élections présidentielles anticipées pour le 25 mai 2014.

  • Crise de Crimée et annexion russe

Après la fuite du président Ianoukovitch, le nouveau pouvoir pro-européen en place à Kiev décide que le russe ne sera plus reconnu comme langue officielle dans le Sud et l’Est de l’Ukraine, comme en Crimée ou dans le Donbass où environ 75% de la population est russophone. Cela entraîne alors un fort soulèvement séparatiste dans ces régions.

Parallèlement, la Russie ne reconnaît pas le nouveau gouvernement de Kiev qu’elle qualifie d’illégitime. L’armée fédérale russe est ainsi présente près de la frontière ukrainienne à partir de la fin février 2014. Le nouveau gouvernement ukrainien accuse alors la Russie d’invasion et envoie des troupes armées en Crimée.

Débute alors la crise de Crimée qui aboutit au référendum local du 16 mars 2014 sur le rattachement de la Crimée à la Russie. A la suite du référendum, le 18 mars, le gouvernement russe annonce que la république de Crimée et la ville de Sébastopol, anciennement ukrainiennes, font désormais partie de la Fédération de Russie. Le gouvernement ukrainien commence alors à retirer ses troupes de la région.

Les réactions internationales sont multiples. Le président François Hollande déclare être contre le référendum sur l’éventuel rattachement de la Crimée à la Russie et affirme qu’il ne peut y avoir de référendum sur l’avenir de la péninsule « sans que l’Ukraine elle-même n’ait décidé de l’organiser ». Il décide de ne pas reconnaître le résultat du référendum, affirmant qu’« il n’existe pas ».

La chancelière allemande Angela Merkel parle, quant à elle, d’« annexion de la Crimée » et affirme que le référendum en Crimée est « illégal » et « contraire à la Constitution ukrainienne et au droit international ».

  • Déclenchement de la guerre dans le Donbass

A partir du mois d’avril 2014, des manifestations « antimaïdan » ont lieu dans la région du Donbass. Elles se transforment rapidement en insurrection armée contre le gouvernement de Kiev. Cette insurrection armée aboutit sur la création de la République populaire de Donetsk le 7 avril, puis celle de la République populaire de Lougansk, le 11 mai.

Au début du mois de mai 2014, l’armée ukrainienne intervient dans l’Est du pays. Elle est repoussée en juillet et finit par reculer face aux séparatistes. La Russie est accusée par Kiev de soutenir militairement les insurgés.

Des négociations s’ouvrent alors et, le 5 septembre 2014, un premier accord est négocié et signé à Minsk, en Biélorussie, pour faire cesser la guerre du Donbass. Cependant, le cessez-le-feu prévu par cet accord ne dure que quelques semaines.

Les combats s’intensifient en janvier 2015, et l’armée séparatiste pro-russe continue de progresser. Les 6 et 11 février, François Hollande et Angela Merkel se déplacent en Russie et en Ukraine pour négocier un nouveau plan de paix.

Le 12 février 2015, ils signent à Minsk, en présence de Petro Porochenko et Vladimir Poutine, un nouvel accord de cessez-le-feu qui prévoit l’arrêt des combats.

  • La situation aujourd’hui

Aujourd’hui, malgré l’accord de Minsk de 2015, le Donbass et l’Est de l’Ukraine subissent toujours un blocus économique et des attaques. Un rapport de l’ONU pointe la responsabilité des séparatistes et de Kiev et rappelle que le conflit aurait déjà fait plus de 10 000 morts.

C’est un conflit dont personne ne voit l’issue aujourd’hui et qui continue de faire des victimes parmi les civils.

Parallèlement, les Ukrainiens sont divisés quant au sort des régimes séparatistes. Le gouvernement a adopté un plan de « réintégration » visant à faciliter le contact avec les Ukrainiens vivant à l’Est du pays. Cependant, il est très critiqué et certains mouvements demandent la rupture des échanges et des relations avec les territoires séparatistes.

Marie HAUPAS

Bibliographie :

https://www.francetvinfo.fr/replay-radio/expliquez-nous/expliquez-nous-le-donbass_1772281.html

https://www.youtube.com/watch?v=cIC2K6c_sos

http://www.liberation.fr/planete/2014/03/06/en-direct-la-crimee-envisage-un-rattachement-a-la-russie_984925

http://www.liberation.fr/planete/2014/03/17/le-resultat-du-referendum-en-crimee-est-il-plausible_987757

https://www.courrierinternational.com/article/2014/05/01/l-ukraine-la-guerre-par-inadvertance

https://www.kyivpost.com/ukraine-politics/stratfor-heeding-lessons-euromaidan-revolution.html

https://www.google.fr/search?q=accords+de+minsk&source=lnms&tbm=isch&sa=X&ved=0ahUKEwis-7aM66zZAhWEW8AKHfyVASoQ_AUICygC&biw=1366&bih=651#imgrc=ejopoXuRUNJ52M:

https://www.google.fr/search?q=donbass&source=lnms&tbm=isch&sa=X&ved=0ahUKEwiJ8pip66zZAhXEL8AKHX-1BS4Q_AUIDCgD&biw=1366&bih=651#imgrc=MP3sI3iG2m5_NM:

https://www.mediapart.fr/journal/international/dossier/notre-dossier-guerre-et-revolution-en-ukraine

Image à la une: via https://www.courrierinternational.com/article/2014/05/01/l-ukraine-la-guerre-par-inadvertance

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