Le soldat que l’on veut représenter : le samouraï japonais
Le militaire et la stratégie guerrière ont longtemps imprégné l’art de l’Asie de l’Est, comme les arts japonais ou chinois, inspirant œuvres littéraires, peintures, et même doctrines spirituelles ou éthiques de vie. Des codes, des principes moraux, émergent, dictés par une certaine vision de l’ordre, de l’autorité, de la défense et de la vertu du soldat.
Le code « Bushido » en est un très bon exemple : il contient les principes moraux que les soldats japonais samouraïs se devaient de suivre dans leur vie, pour être vertueux, au XIXème siècle.
C’est durant la période féodale de l’Histoire du Japon que la figure du samouraï contemporain émerge, et qu’elle aura une influence notable dans l’art japonais du XVIème au XIXème siècle notamment.
Ici, une estampe japonaise représentant un guerrier samouraï ayant vécu au XVIème siècle au Japon, Miyamoto Musashi. Les samouraïs n’étaient pas de simples guerriers, leurs champs de compétences étaient très étendus ; la peinture, la calligraphie, la philosophie également, ce qui explique aisément la source d’inspiration infinie qu’ils pouvaient conférer à une partie des artistes japonais au fil des siècles : ces soldats créent des interconnexions évidentes entre la sphère intellectuelle et artistique japonaise, et les nouvelles classes guerrières de samouraïs dans la société japonaise.
Si la figure du samouraï fascine autant qu’elle inspire dans l’art japonais, un autre aspect matériel émanant de cette classe guerrière, marquera elle aussi la postérité : les armures de combat.
Véritables œuvres d’art à grande échelle, travaillées pour susciter aussi bien la crainte que l’admiration.
Les armures et tout ce qui les composent, dont les casques, sont réalisés en respectant une symbolique forte, qui reprend parfois des caractéristiques animales en fonction des caractéristiques de ceux-ci dans la nature, comme les bois de cerfs ou les reproductions de faces de crabes inspirant les visuels des masques de combat, portés sous les casques, et dissimulant les visages des soldats.
Retour sur une pièce caractéristique d’un art militaire et funéraire chinois
L’armée de terre cuite est une œuvre démesurée, composée d’une reproduction de plus de huit mille statues de soldats chinois, accompagnés de leurs montures de guerre, tous placés à l’intérieur du mausolée funéraire de l’ancien Empereur Quin, le tout premier empereur chinois ayant régné entre 209 et 210 avant J-C.
Plusieurs courants artistiques ont traversé la Chine de la Préhistoire à nos jours ; et cette œuvre unique est représentative des débuts de ce que les historiens appellent « La Chine impériale », plus de 200 ans avant le XXème siècle.
L’empereur Quin, fut le premier empereur chinois à régner sur la Chine, et à instaurer une dynastie à l’époque des « Royaumes Combattants », une époque politique marquée par une expansion militaire importante, et une centralisation, dans l’idée d’une unification de la Chine à l’échelle d’un Empire.
Une des caractéristiques de ces dynasties impériales chinoises est la stratégie guerrière omniprésente, ainsi que la puissance de l’armée ; exactement ce que l’on retrouve dans la composition du mausolée.
La dynastique Quin, a fait reposer une grande partie de son pouvoir politique sur la force de son armée, dans un idéal de société ordonnée, disciplinée, pensé par un collectif qui prime. Cette vision sociétale, et la mise en pratique matérielle et politique correspondante, se retrouvent après la mort de l’empereur, au sein d’un art funéraire typique de l’époque antique chinoise. Les soldats présents en masse, constituent l’armée sans laquelle ni la protection de l’empereur, ni sa puissance politique ne seraient assurées dans l’au-delà. Le soldat est indispensable à la conservation du régime pendant la vie, et après la mort.
La plupart des statues sont équipées de véritables armes, de chars ; elles portent des armures de pierre, et sont travaillées en fonction du rang social du soldat qui portera, en adéquation avec son statut social, une coupe de cheveux ou un uniforme particulier.
Cette armée, c’est l’expression même d’un art politique, mortuaire et surtout colossal, préservé du temps grâce à des techniques de conservation de l’époque, et permettant de nous rendre compte de l’importance de l’organisation militaire antique asiatique, de la place que l’armée pouvait occuper dans une société orientée massivement autour des stratégies guerrières de conquête.
Liens utiles : sources et bibliographies
Sur la dynastie Qin et son organisation, et la dynastie Han qui lui succède : l’ouvrage « Early Chinese Empires » par Mark Edward Lewis, 2007.
Pour approfondir sur le militaire japonais samouraï : « Le traité des Cinq Roues : La voie de la stratégie selon Miyamoto Musashi », livre revenant sur l’éthique samouraï au 17ème siècle.
Un exemple d’art pictural en lien avec notre thématique : Les portraits de guerriers, réalisés par l’artiste japonais du 19ème siècle : Utagawa Kuniyoshi.
Article sur « Le samouraï, du Japon féodal à Hollywood » publié par le fonds d’investissement des cycles supérieurs de l’université de Montréal :
https://www.ficsum.com/dire-archives/automne-2017/societe-samourai-japon-feodal-a-hollywood/