L’autodétermination kurde, un projet mis à mal par l’invasion de la Turquie au Nord de la Syrie

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Trop souvent décriée pour sa complexité, beaucoup se découragent à comprendre la situation géopolitique actuelle du Moyen et Proche Orient. Si la question kurde reste complexe, elle n’est pas pour autant insaisissable. Nous n’irons pas jusqu’à dire, à l’instar de Mr. Trump lors d’un meeting à Dallas, que le conflit entre Kurdes et Turcs se résume à la simple intention de « se bagarrer comme des gamins ». Cette vision de la géopolitique est somme toute simpliste et provocante. Didactique et pédagogue, cet article s’adresse aux personnes éclairées, comme aux non-initiés. La situation actuelle du peuple Kurde est intrinsèquement liée à son passé, par conséquent, il semble inévitable de retracer une partie de l’histoire de ce peuple millénaire pour permettre une pleine et entière compréhension de l’actualité.

L’intérêt pour ce sujet est vif. L’actualité depuis quelques années est jalonnée par la question kurde, tant par la candidature de la Turquie à l’Union Européenne, que par l’importante diaspora kurde présente dans les pays européens. La contribution des Kurdes pour combattre l’État Islamique les ont placé une fois encore au centre de l’actualité. Néanmoins, il y a quelques mois les Kurdes font à nouveaux les gros titres pour un tout autre sujet : en octobre 2019, la Turquie a lancé une offensive dans le nord de la Syrie, territoire à dominance kurde. Nous vous montrerons par notre analyse quelles problématiques internationales et régionales cette invasion peut avoir sur le peuple kurde. Déjà, soulignons qu’en tant qu’européens, cette question nous concerne d’un point de vue historique ; en effet, à l’issue de la première guerre mondiale, a lieu l’éclatement de l’Empire ottoman. La communauté internationale promet alors aux Kurdes, un état indépendant. Néanmoins, la pression des pays voisins fait obstacle à l’établissement d’un tel projet. Le peuple kurde se voit alors réparti sur plusieurs états.



Quelle est l’histoire des Kurdes ?

Avant de nous plonger au cœur du sujet, attachons-nous au préalable à connaître un peu mieux l’histoire de ce peuple plurimillénaire qui n’a pourtant jamais eu d’état officiel. Les Kurdes sont les descendants des Mèdes. Ces derniers vivaient dans les montagnes du Mont Zagros, d’où leur affiliation fréquente à un peuple originaire des montagnes. Conquérant, ce peuple fonda un empire en 612 av. JC. Pour les kurdes nationalistes cette date marque le début de l’ère kurde. Dans le milieu du VIe s ap. JC, le règne politique des Mèdes s’achève. Leur culture reste néanmoins très influente pendant plusieurs siècles. Les kurdes, d’abord non islamisés, acceptent finalement l’Islam comme religion mais ne « s’arabisent » par pour autant. Autrement dit, les Kurdes préservent une identité culturelle et une langue propre, toutes deux différentes de celles des civilisations arabes. L’identité kurde s’est déjà développée tant dans le domaine des arts, de l’histoire que de la philosophie. Cela continuera vers le premier millénaire de notre ère, les kurdes étant alors sous l’autorité des Turcs seldjoukides, nation dont le dernier grand sultan seldjoukide, en hommage à l’identité kurde, créera une nouvelle province, celle du Kurdistan. La création éminemment symbolique de cette région, permet la reconnaissance d’une entité géographique propre aux Kurdes.
Le XVème siècle sera quant à lui marqué par une invasion Turco-mongole. Au début du XVIème siècle, le Kurdistan suscite des rivalités entre Perses et Ottomans. À la suite d’une victoire en 1514 du sultan turc sur le chah de Perse, les Kurdes n’ont d’autre choix que de se ranger aux côtés des Ottomans. C’est ainsi que les principautés Kurdes entrèrent dans l’Empire Ottoman, veillant à la protection de la frontière. En contrepartie, les Ottomans laissent aux principautés kurdes une
certaine indépendance et autonomie. Pendant près de trois siècles, ces deux peuples vivent en paix jusqu’à ce que ces derniers commencent à s’ingérer dans les principautés kurdes.



Comment est née l’idée d’un Kurdistan indépendant ?

L’histoire nous a montré que les Kurdes n’avaient pas vraiment eu la volonté de créer un état kurde indépendant au cours des derniers siècles. Si quelques auteurs Kurdes ont entamé une réflexion sur le sujet, cet intérêt reste néanmoins assez sporadique. Dans toute leur histoire, les Kurdes n’ont pas revendiqué un état propre et indépendant pour la simple raison qu’ils ont toujours joui d’une certaine autonomie. Ce n’est qu’au début du XIXème siècle, moment où l’Empire Ottoman commence à vouloir contrôler les principautés kurdes, que l’idée d’un Kurdistan autonome émerge. Des conflits meurtriers commencent dans le cadre de l’unification et l’indépendance du Kurdistan. La dernière principauté kurde autonome disparaît en 1847, symbolisant la victoire de l’Empire Ottoman sur les Kurdes.



Quel sort attend les Kurdes au lendemain de la Première Guerre mondiale ?

Voyons cela d’un peu plus près… Nous sommes désormais au lendemain de la Grande Guerre. L’Europe – les vainqueurs comme les vaincus – sort anéantie de ce conflit meurtrier. Face au camp de la Triple-Entente essentiellement composé de la France, des empires russe et britannique, et par la suite de l’Italie et des États-Unis, les grands empires centraux – que sont les empires allemand, austro-hongrois, ottoman et bulgare – subissent les décisions des vainqueurs.
En 1920, le Traité de Sèvres prévoit le démembrement de l’Empire ottoman. Ce traité est peu favorable à la Turquie ottomane. Il divise le territoire que composait l’Empire ottoman au profit de ses voisins, promettant également aux Kurdes, la création d’un état leur appartenant dans la région.
Grâce à de nombreuses victoires militaires, les Turcs ottomans vont inverser la situation, et réussir à faire revoir le Traité de Sèvres, avec l’aboutissement d’un nouvel accord, le Traité de Lausanne. Signé en 1923, ce traité crée l’État Turc et lui octroie un sort plus enviable que celui qui lui était attribué par le Traité de Sèvres. En revanche, il en va autrement pour le sort des Kurdes. Ismet Pacha, bras droit de Moustafa Kemal (premier président de la République de Turquie, entre 1923 à 1938), va plaider au cours des négociations du Traité de Lausanne pour l’abandon de la création d’un état kurde indépendant. La promesse d’un Kurdistan autonome faite par les Occidentaux tombe alors aux oubliettes. Au-delà même de l’abandon du fameux projet d’un état kurde, se profile derrière cette décision la volonté turque d’amoindrir l’influence tant culturelle que politique des kurdes.
Le 16 décembre 1925, le Conseil de la Société des Nations ruine les dernières chances d’un territoire kurde autonome en confiant à la Turquie, une région normalement destinée à être kurde.
Ainsi, en cette fin d’année 1925, le territoire kurde se voit partagé entre quatre états : la Turquie, l’Iran, l’Irak et la Syrie.
Précisons qu’avec les mouvances frontalières des états au cours du XXe siècle, le Kurdistan est dorénavant un territoire réparti entre six états : la Turquie, l’Iran, l’Irak, la Syrie, la Géorgie et l’Arménie.



Pourquoi l’identité turque se veut-elle incompatible avec l’identité kurde ?

En 1923, Mustafa Kemal Atatürk devient le premier président du nouvel état turc. Il va développer une politique particulière appelée le « kémalisme », en référence à son créateur. Les trois piliers essentiels de cette politique sont : le nationalisme, le républicanisme et le laïcisme.
Certains de ces piliers contredisent le projet d’un état kurde indépendant, et l’identité kurde elle-même. Soulignons qu’au sortir de la Première Guerre mondiale, la Turquie est dévastée à la fois économiquement et socialement. Le nationalisme va se présenter aux yeux d’Atatürk comme l’une des solutions les plus claires pour relever le pays.
Ce choix est un sujet polémique, puisque le nationalisme renvoie à l’idée d’appartenance à un état qui regrouperait un socle de valeurs communes comme peut l’être le partage d’une seule et même culture, langue etc., ce que les Turcs ne veulent pas. Sur ce point, les Turcs ne vont pas hésiter à interdire tout élément ou tout symbole relatif à l’identité kurde. Par exemple, la langue ou encore le port du costume kurde vont être interdits.
Les kurdes ont toujours représenté une minorité importante en Turquie. Aujourd’hui, on estime qu’ils représentent environ 20 % de la population turque.

L’objectif visé à travers la revendication d’un nationalisme turc est de créer une nation où les Kurdes, descendants des Mèdes, ne seraient finalement que les « Turcs montagnards ». Par conséquent, toute action contraire à cette volonté serait réprimée. Dans les faits, c’est ce qui se passa. L’interdiction des écoles kurdes a suscité de vives réactions qui furent durement réprimées, notamment par des destructions de villages en 1925. Ainsi, c’est la première fois que ce peuple millénaire s’est vu être privé de son autonomie culturelle.
Ce qui explique qu’au XXe siècle, divers partis indépendantistes kurdes naissent partout dans la région.
Avec ces brèves explications, on comprend mieux la complexité du conflit actuel entre la Turquie et les Kurdes, qui se retrouvent cristallisé par l’invasion de la frontière nord syrienne.
Alors que dans l’Histoire, l’Empire Ottoman organisait l’indépendance et l’autonomie des Kurdes sous plusieurs principautés, la naissance de l’état turc marque une rupture. L’ambition de cet état est désormais d’être nationaliste, par conséquent, l’idée d’un Kurdistan indépendant ne trouve pas sa place au sein dans la politique turque.



L’offensive turque d’octobre 2019 est-elle surprenante ?

La réponse est non. L’invasion décidée par Erdogan dans la partie du Kurdistan syrien en octobre 2019 n’a rien de surprenant. Il ne s’agit pas de la première offensive, mais bien de la troisième menée par les forces armées turques depuis 2016.
Déjà en Syrie, on observe de brèves intrusions turques ces dernières années. La Turquie, prétextant la lutte contre le terrorisme, s’est infiltrée au-delà de la frontière turco-syrienne, et notamment dans la région du Rovaja, région autonome kurde de Syrie depuis mars 2016. Sous le prétexte turc, se cache en réalité la volonté de limiter une nouvelle fois l’influence kurde.
Selon la Turquie, le Rojava serait la base arrière du PKK, parti travailleur kurde, né dans les années 1980 et dont l’objectif serait de créer un grand Kurdistan par la voie de la lutte armée. La ville d’Afrin, située dans cette région, à environ 30 km de la frontière turque, est tombée aux mains de l’armée turque en 2016. La population kurde de cette ville a du fuir pour une grande partie d’entre elle. Ceux restés vivre à Afrin sous le joug turc subissent des répressions quotidiennes les encourageant vivement à quitter le site.
Par ce biais, le gouvernement turc remplace l’ancienne population kurde par des populations ethniques différentes. Mais l’invasion de la partie kurde syrienne n’est pas le seul moyen de nuire à la population kurde. La Turquie a utilisé pendant plusieurs années l’eau du barrage de Tichrine, situé dans la partie kurde près de la frontière turcosyrienne.
Les conséquences sont dramatiques pour les Kurdes de cette région qui ont dû se passer d’une grande part d’électricité, normalement utilisée pour le maintien des hôpitaux, des écoles ou encore pour la fabrication de produits alimentaires par les artisans producteurs. Sur tous ces points, la communauté internationale n’a pas réagi face à l’action turque.



Quel intérêt la Turquie a-t-elle à envahir le Nord de la Syrie ?

Comme écrit précédemment, le peuple kurde est répartit sur différents territoires. Or, le Nord de la Syrie est marqué par la présence d’une importante communauté kurde. Sur ce territoire, on trouve les Forces Démocratiques Syriennes (FDS) et les Unités de protection du peuple, connu sous le sigle YPG. Les forces démocratiques syriennes sont une coalition militaire dont le but est de combattre l’État Islamique (EI) présent en Syrie.
Cette coalition est notamment marquée par une grande partie de Kurdes venant des Unités de protection du peuple (YPG). L’YPG forme la branche armée du Parti de l’union démocratique (PYD), lui-même très lié au (PKK).
Le PKK est, quant à lui, le Parti des travailleurs du Kurdistan qui a choisi la lutte armée pour obtenir un état kurde indépendant. Ce parti est né en Turquie et à été à l’origine de plusieurs attentats. C’est la raison pour laquelle la Turquie considère le PKK comme une organisation terroriste. Autrement dit, la forte présence de Kurdes qui revendiquent un état kurde indépendant et qui possèdent une « force armée », sont considérés comme une menace pour la Turquie. Cependant, l’armée kurde n’est nullement comparable à celle de la Turquie qui est la deuxième armée en effectifs de l’OTAN après l’armée américaine, et la huitième armée du monde en effectifs sur le plan mondial.


Pourquoi Erdogan décide-t-il d’envahir le Nord de la Syrie en Octobre 2019 précisément ?

De plus en plus, la question de l’indépendance kurde résonne sur la scène internationale. C’est probablement l’une des raisons pour laquelle la Turquie veut en finir avec les revendications indépendantistes qui menacent son territoire. Au cours de ces dernières années, les Kurdes sont au centre de l’actualité. L’image renvoyée par ce peuple est tant celui d’un grand peuple défenseur de la tolérance luttant contre la barbarie orchestrée par l’État Islamique que l’image d’un peuple aux valeurs modernes, notamment symbolisé par la place de la femme dans la société alors considérée comme l’égal de l’homme. En effet, d’une part les Kurdes ont eu un rôle majeur dans l’anéantissement de l’État Islamique.
D’autre part, le peuple kurde souffle un vent de liberté et de modernité dans la région du Proche et Moyen Orient où, sociologiquement, le machisme reste encore bien ancré. Pour toutes ces différentes raisons, on peut comprendre que le plus grand peuple apatride au monde puisse faire peur à la jeune et ambitieuse Turquie. Mais si les Kurdes font peur à l’état turc et aident la Communauté internationale, notons que l’histoire de la Turquie est marquée de coups d’état, caractéristique qui pourrait expliquer la décision d’Erdogan dans la mise en œuvre de son offensive.

Il y a à peine 3 ans, en juillet 2016, a eu lieu un coup d’état manqué en Turquie. Le président Erdogan accuse nombre de personnes d’en être responsables, dont notamment un parti kurde démocrate qui s’est toujours montré pacifique.
Ainsi, des membres de ce parti, appelé le Parti démocratique des peuples (HDP), sont accusés d’être à l’origine de ce coup d’état et sont envoyés en prison. Relevons que Selahattin Demirtaş, adversaire d’Erdoğan à l’élection présidentielle, est l’un des accusés qui subira ce sort. Dans sa manière de traiter l’affaire, Erdogan semble faire une épuration politique. Ces condamnations larges et faciles à la suite de ce coup d’État sont souvent jugées comme des dérives autoritaires et remettent en question la place effective de la démocratie en Turquie.
Un autre élément qui pourrait inquiéter Erdogan est la question du Kurdistan irakien qui, depuis quelques années, voit son autonomie grandir. Depuis 2003, c’est-à-dire depuis le départ de Saddam Hussein, les kurdes d’Irak disposent d’un statut fédéral autonome reconnu par la Constitution de l’état irakien. Ainsi, les kurdes possèdent leur propre gouvernement et armée, que l’on appelle peshmerga. En 2017, Massoud Barzani, le président de ce gouvernement régional du Kurdistan irakien a organisé un référendum sur l’indépendance de cette région. L’issue de ce référendum, à l’écrasante majorité en faveur de l’indépendance, a très bien pu contrarier la Turquie craignant un effet domino.



Comment s’est déroulée l’offensive des forces armées turques ?

Rappelons tout d’abord que l’offensive turque prend place dans un contexte géopolitique déjà tendu, où les turcs ont déjà commencé à limiter l’autonomie des Kurdes dans cette région nord de la Syrie. En Janvier 2018, l’État Islamique existe encore dans le Nord de la Syrie. Les États-Unis, présents dans la région, déclarent leur intention de créer avec les Forces démocratiques syriennes (FDS) dominées par les Kurdes des YPG, une « Force de sécurité aux frontières » afin de lutter contre le terrorisme. Cette alliance va provoquer la colère d’Ankara qui lance quelques mois plus tard une offensive visant à prendre la ville d’Afrin.
Les tensions restent vives, mais la Turquie ne peut aller au-delà d’Afrin où les Américains veuillent au grain et forment un obstacle. Dès juin, des accords se forment entre les États-Unis et la Turquie pour régler la situation dans la région. Cela aboutit finalement à ce qu’en décembre 2018 un accord soit conclu afin que les troupes américaines quittent le Nord de la Syrie.

Cette décision est critiquée par les alliés des américains et des responsables républicains, qui n’ont pas été concertés pour la prise de cette décision. Parmi les membres du parti républicain, on trouve notamment Mitch McConnell, Nikki Haley, Marco Rubio ou encore de Lindsey Graham, étant pourtant un proche collaborateur du Président américain Trump. Ce dernier a déclaré sur Twitter que le retrait des troupes américaines est « porteur de désastre » et que « l’abandon des Kurdes sera une tache sur l’honneur de l’Amérique » et alors « garantit le retour » des jihadistes du groupe Etat islamique (EI).

Après de nombreuses réactions houleuses, les États-Unis semblent finalement mettre du temps à partir de la région notamment en ne livrant aucune date précise du départ des troupes américaines. Ce comportement est critiqué et pointé du doigt par la Turquie. Cette situation entraîne, entre janvier et août 2019, des échanges de menaces entre les États-Unis et les Turcs, tant sur les réseaux sociaux que lors des discours officiels. En parallèle, les Unités de protection du peuple (YPG) en faveur d’une indépendance kurde qui contrôle le Nord de la Syrie, demandent à la communauté internationale de maintenir une présence militaire à la frontière.

En Août 2019, les turcs annoncent qu’ils commencent à « perdre patience ». Finalement, dans ce contexte où les tensions sont vives, un deuxième accord est trouvé entre les Turcs et les États-Unis afin de créer une « zone de sécurité » sur lequel les deux pourront veiller. Toutefois, les Turcs ne sont pas ravis de cet accord car l’objectif est bel et bien que les Américains quittent la région. Après un échange téléphonique avec Erdogan, Trump accepte finalement de retirer ses troupes de Syrie début octobre 2019. L’annonce du retrait des troupes américaines à la frontière sonne comme l’accord implicite des États-Unis à l’invasion d’Erdogan sur ce territoire frontalier.

Dès le 7 octobre 2019, les bases de Tall Abyad et Ras al-Aïn sont évacuées par les troupes américaines qui les occupaient. Trump tente de justifier sa décision. Selon lui, la présence des Américains sur ce territoire était jusqu’à lors justifiée en raison de la lutte contre le groupe terroriste Etat Islamique, mais désormais ce dernier étant vaincu, les troupes américaines n’ont plus de raison d’y rester.
Si les turcs avaient déjà envahi la région d’Afrin quelques années plus tôt, les américains représentaient un obstacle conséquent, limitant ainsi l’action turque au nord de la Syrie. Seulement trois jours après l’annonce de Donald Trump, la Turquie lance l’opération militaire appelée « opération Source de paix » qui s’arrêta le 22 octobre 2019. Le fameux secteur représentant la « zone de sécurité » est envahi. De la sorte, les actions des FDS et YPG, autrement dit les kurdes, seront désormais contrôlés par la Turquie.



Quelles sont les réactions et les conséquences de cette invasion turque en Syrie ?

Cette opération reste très critiquée, non seulement par la communauté internationale qui reste néanmoins en retrait de ce conflit, mais aussi par les organisations internationales ou associations comme Amnesty International qui dénonce les « crimes de guerre » et des « exécutions sommaires » orchestrés par l’armée turque.

Notons également que cette offensive a pour conséquence le déplacement forcé de milliers de personnes. Face à si peu de réactions de la communauté internationale, il semble aisé de comprendre l’indignation des kurdes, alliés de longue date des Occidentaux, pierre angulaire dans l’issue du conflit avec l’État Islamique. Certes, plusieurs pays, à l’instar de la France, de l’Allemagne (où la communauté kurde est importante), la Norvège ou encore la Finlande ont suspendu la vente d’armes à la Turquie.

Toutefois, personne n’émet de sanctions envers ce pays car son président pose l’éventualité d’ouvrir les frontières de la Turquie, c’est-à-dire de l’Europe à des millions de réfugiés syriens, alors même que celui-ci jouit d’un investissement financier déjà conséquent de la part de l’Union européenne.



Quelle est la position de Donald Trump sur l’offensive des forces armées turques ?

La position de Donald Trump est ambiguë. Un jour il retire les troupes américaines de la frontière turco-syrienne, sachant pertinemment les conséquences que cela entraînerait sur ce territoire, et le lendemain il menace Erdogan « d’anéantir complètement l’économie de la Turquie » si celle-ci « dépassait les bornes ». Autrement dit, un jour il accepte implicitement l’invasion de la Turquie et le lendemain, il salue la force et le courage du peuple kurde lors de ses discours.

Relevons pour l’exemple, son intervention deux jours uniquement après le retrait des troupes américaines : « Nous n’avons absolument pas abandonné les Kurdes qui sont des gens formidables et de merveilleux combattants ».
Cette position du Président américain pourrait s’expliquer par l’une des plus classiques motivations politiques : le glas des urnes.

Bientôt, les élections présidentielles se dérouleront aux États-Unis, or rapatrier les soldats en Amérique peut être perçu comme une manœuvre stratégique pour s’assurer un score plus important.



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