L’antenne International Security and Defense a sélectionné pour vous les informations importantes de la semaine du 4 janvier. L’article a été rédigé par Raphaelle Loyau.
Nancy Pelosi veut priver Trump de sa capacité de frappe nucléaire
Suite à l’intrusion violente de manifestants pro-Trump au Capitole cette semaine qui a fait vaciller le temple de la démocratie américaine, la présidente de la Chambre des représentants Nancy Pelosi a affirmé son souhait de priver le président sortant Donald Trump des codes nucléaires américains. Une mesure jugée nécessaire par la cheffe des démocrates au Congrès face à un président qu’elle qualifie de “déséquilibré et instable”.
Ce vendredi 8 janvier, soit deux jours après l’invasion du Capitole qui a fait au moins quatre morts et cinquante-deux blessés, Nancy Pelosi s’est entretenue avec le chef d’état-major américain Mark Milley pour discuter de cette mesure préventive, afin de mettre Trump dans l’incapacité de lancer des hostilités militaires et d’accéder aux codes de lancement pour ordonner une frappe nucléaire. En effet, le président des États-Unis est aussi le commandant en chef des armées selon l’article 2 de la Constitution, ce qui lui donne le pouvoir de donner l’ordre d’activer les codes nucléaires au chef du commandement stratégique, qui transmet ensuite l’ordre aux sites nucléaires.
Nancy Pelosi a affirmé que les jours qui restaient jusqu’à la cérémonie d’investiture du président entrant Joe Biden le 20 janvier pouvaient se transformer en “film d’horreur pour l’Amérique”, et que “La situation avec ce président déséquilibré ne pourrait pas être plus dangereuse.”. Elle a également menacé que le Congrès agirait si Trump ne quittait pas rapidement le pouvoir.
De son côté, le chef de la minorité républicaine à la Chambre des représentants, Kevin McCarthy, a traduit son inquiétude face à cette procédure qui selon lui, “ne fera que diviser davantage notre pays”. Il a ainsi contacté le président élu Biden pour trouver une solution et “calmer le jeu”, alors que les appels à la destitution immédiate de Trump se multiplient au Congrès chez les démocrates.
La Corée du Nord assure qu’elle est sur le point de disposer d’une capacité de frappe depuis un sous-marin
Samedi 9 janvier, le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un a affirmé que son pays allait se doter d’un sous-marin nucléaire. “De nouvelles recherches de planification pour un sous-marin nucléaire ont été menées à bien et sont sur le point d’entrer dans le processus d’examen final.”, a-t-il déclaré lors du 8ème congrès du parti au pouvoir. Il a également ajouté que le pays va “développer davantage la technologie nucléaire” et “produire des ogives nucléaires légères et de petite taille pour être utilisées en fonction des cibles visées.”.
Cette déclaration, deux semaines avant l’investiture du président américain élu Joe Biden, interroge sur les futures relations entre les deux pays, après un rapprochement historique avec Trump en 2019. Kim Jong-un a en effet ajouté lors de la réunion du Parti des travailleurs qui s’étale sur trois jours que “Pyongyang devrait se concentrer et se développer en vue de subvertir les États-Unis, le plus grand obstacle à notre révolution et notre plus grand ennemi.”. En 2019, il avait même qualifié Joe Biden de “chien enragé.” qu’il faudrait “battre à mort.”.
Sous la présidence de Trump, les échanges entre les deux dirigeants avaient été tumultueux et même marqués par la menace d’une guerre nucléaire. Finalement, les deux hommes s’étaient rencontrés lors de deux sommets, le dernier fin février 2019 à Hanoi. Mais depuis, il n’y a eu aucun progrès pour sortir de l’impasse et trouver un terrain d’entente entre les deux pays sur la sensible question des programmes nucléaire et balistique de la Corée du Nord.
Cette déclaration intervient alors que Kim Jong-un a attesté de l’échec du plan quinquennal adopté lors du dernier congrès de 2016 et reconnu des “erreurs” dans sa stratégie de développement économique du pays qui a selon lui “failli dans presque tous les domaines.”.
Un engin explosif touche un VBCI au Mali et blesse six soldats français
Vendredi 8 janvier, six soldats français de l’opération antiterroriste Barkhane ont été blessés au Mali par un véhicule-suicide piégé. Il s’agit de la troisième attaque subie par les soldats français déployés au Mali depuis la fin du mois de décembre, qui intervient moins d’une semaine après le décès de deux soldats français dans la zone des “trois frontières” entre le Mali, le Niger et le Burkina Faso.
L’état-major de l’armée française a rapporté dans un communiqué qu’“un véhicule inconnu s’est dirigé à vive allure vers l’arrière d’un convoi en opération avec des militaires maliens”. Face à cette attaque, un véhicule blindé de combat d’infanterie (VBCI) s’est interposé de manière héroïque pour protéger le convoi et a été touché par l’engin explosif déclenché par le conducteur kamikaze. L’attaque a été revendiquée par le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM) affilié à Al-Qaïda. Six militaires français ont été blessés, “mais leur pronostic vital n’est pas engagé”. Ils ont été évacués par hélicoptère vers l’hôpital militaire de Gao, et trois d’entre eux ont été rapatriés en France ce samedi.
L’Italie, la Suède et le Royaume-Uni signent un protocole d’accord commun pour le programme d’avion de combat “Tempest”
Le projet du futur avion de combat de 6ème génération Tempest a été officialisé politiquement par un accord signé entre l’Angleterre, la Suède et l’Italie. Jusqu’ici, le programme était industriellement reconnu, initié par les entreprises des trois pays respectifs, BAe systems, Saab et Leonardo. Il avait été lancé en 2018 à l’occasion du salon aéronautique de Farnborough, après que la France et l’Allemagne aient mis en commun leur propre programme aérien de combat de nouvelle génération. Le gouvernement britannique, qui fait du Tempest la pièce maîtresse de sa stratégie aérienne de combat, a déjà engagé 2 milliards de livres sterling pour financer les étapes préliminaires du projet.
Le protocole d’accord trilatéral sur le développement du Tempest Future Fighter a été signé le 21 décembre entre le secrétaire d’État britannique à la Défense Ben Wallace, le ministre italien de la Défense Lorenzo Guerini et le ministre suédois de la Défense Peter Hultqvist. Ce n’est que le 3 janvier que le ministère italien de la Défense a annoncé cette avancée dans un communiqué.
La participation de l’Italie au programme était déjà acquise l’année du lancement, tandis que la Suède avait signé en 2019 avec le gouvernement britannique un protocole d’entente visant à “travailler à un programme conjoint de développement et d’acquisition dans le combat aérien, y compris à l’élaboration de nouveaux concepts répondant aux besoins futurs des deux pays.”, comme l’avait annoncé le Royaume-Uni. En 2020, le ministre suédois de la Défense avait fait connaître lors d’un forum de l’OTAN la politique de son pays en matière de défense, et notamment annoncé le développement d’un avion de combat de 6ème génération, sans donner plus d’informations. Il s’agirait donc du Tempest, prévu pour rentrer en service au milieu des années 2030.
Selon ce nouvel accord, les trois parties ont “un rôle égal dans la recherche, le développement et la conception conjointe” du Tempest. Le ministre italien a précisé dans son communiqué que “L’accord sera suivi des dispositions du projet et de la phase de développement complet, actuellement prévue pour 2025.”. Les pays partenaires, tout en conservant leurs compétences nationales et leur liberté d’action, marquent ainsi leur position mondiale dans l’industrie de la défense pour les années à venir. La Team Tempest, qui bénéficie de cet effort tri-national, a déjà remporté des succès en un temps record et est donc assurée d’atteindre ses objectifs.